Les ravages de la drogue aux Etats-Unis (Solidarité et Progrès, 24 février 2016)

L’absence de solution à la crise de 2008 et les politiques d’austérité adoptées depuis provoquent déprime et désespoir parmi nos concitoyens, qui fuient d’autant plus vers la drogue et autres paradis artificiels fournis par notre société du « divertissement ». Dérive ou évolution programmée ?

Par deux fois au cours de ces derniers mois, le quotidien américain New York Times a provoqué un choc en publiant des statistiques montrant une surmortalité aux Etats-Unis parmi les adultes, mais aussi chez les plus jeunes. Situation entièrement due à la crise économique, politique et morale que subit le pays, en particulier depuis les présidences Bush et Obama.

La première étude, publiée en novembre 2015, montrait une forte hausse de la mortalité parmi la population blanche âgée de 45 à 54 ans, et la moins éduquée (bac au maximum). Les données recueillies par le Centre de contrôle et de prévention des maladies (CDC) révèlent que ceci n’est pas le fait des grandes « tueuses » (maladies cardiovasculaires et diabète), mais des suicides et de maladies telles que la cirrhose du foie d’origine alcoolique, ainsi que des surdoses d’héroïne et d’opiacés pharmaceutiques. Entre 1999 et 2014, la mortalité dans ce groupe d’âge s’est accrue de 134 décès pour 100 000 personnes. En faisant le calcul, 500 000 personnes auraient eu une vie bien plus longue, si les conditions économiques et de santé publique de l’ère de Franklin Roosevelt étaient encore en vigueur.

Le New York Times a ensuite mené sa propre enquête, analysant les certificats de décès de près de 60 millions d’Américains, rassemblés par le CDC entre 1999 et 2014. Les résultats qu’il en a tirés, publiés le 20 janvier accompagnés de nombreux graphiques, sont encore plus accablants. Pas un seul coin des Etats-Unis n’est épargné par cette épidémie. Pire, ce sont les 25-34 ans qui trinquent : les morts par surdose de drogues y ont été multipliées par 500 %, passant de 6 pour 100 000 habitants à 30 durant cette période.

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L’explosion des décès par overdose de 2003 à 2014.

Pour le Dr Wilson Compton, de l’Institut national de lutte contre l’abus de drogues, ces chiffres sont « absolument choquants », notamment du fait que l’amélioration de la qualité des soins aurait dû se traduire au contraire par un allongement de l’espérance de vie.

Pour Mark Hayward, professeur à l’Université de Texas :

Beaucoup de gens n’atteignent jamais une situation de stabilité économique et vivent en dehors de toute relation familiale, au seuil de la pauvreté. Ils en viennent à prendre des drogues prescrites, telles que des opiacés, et de là passent à l’héroïne, souvent coupée avec, une variante très mortelle d’une drogue synthétique du nom de Fentanyl ».

A l’occasion des primaires du New Hampshire, l’envoyé spécial de l’Humanité a découvert avec horreur que dans ce petit Etat « plutôt prospère », au moins une personne meurt chaque jour par overdose, selon Tym Rourke de la New Hampshire Charitable Foundation. Et « cela frappe partout : dans les villes, les banlieues, à la campagne, les pauvres, les classes moyennes, les classes aisées ». La particularité de cette crise de l’héroïne est qu’« elle a été amorcée par la dépendance aux antalgiques. Les Etats-Unis représentent 80 % de la consommation mondiale d’OxyContin ». […]

Légalisation

Quant à la France, la sénatrice Esther Benbassa (Europe Écologie – Les Verts) du Val-de-Marne avait déposé en janvier 2014 une proposition de loi visant à légaliser la consommation de cannabis à usage récréatif, et à confier le contrôle sur la production et la vente à l’État. La proposition fut rejetée. […]

 

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