Les écologistes prudents malgré les appels du pied des socialistes (Public Sénat, 6 octobre 2014)

Examinée à compter de mardi, la loi de transition énergétique portée par Ségolène Royal séduit les écologistes. De son côté, le président de la République s’est invité la semaine dernière à un dîner de parlementaires d’EELV. Une première prise de contact directe après la publication du brûlot de Cécile Duflot, son ex-ministre.

Après avoir violement claqué la porte du gouvernement en avril, les écologistes ont-ils entrepris de se réconcilier avec l’exécutif ? Les appels du pied entre les socialistes et Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) se multiplient depuis mercredi dernier, date à laquelle François Hollande s’est invité à un dîner de parlementaires. « C’était une surprise. Il était cordial et en pleine forme mais je ne sais pas ce qu’il retiendra de ce qu’il a entendu », détaille Esther Benbassa.

S’en est suivi les journées parlementaires pendant lesquelles Ségolène Royal a été accueillie vendredi avec les plus grands égards. « Ségolène Royal fait un sans-faute depuis qu’elle est au ministère de l’Ecologie », a même lancé Jean-Vincent Placé, le patron des sénateurs EELV. Le président PS de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, était également convié.

Mardi, c’est la ministre de l’Ecologie qui présentera sa loi de transition énergétique aux députés. Le texte est déjà plébiscité par les parlementaires EELV. « Il y a de vraies avancées », se réjouit ainsi Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique. L’élu se félicite que le texte planifie certaines mesures sur 10 ans, « ça permet de voir venir ». Il cite également « le contrôle des centrales nucléaires par un organisme indépendant. » « On ira peut être pas aussi loin que si Jean Desessard avait été ministre de l’Ecologie mais il y a des avancées », constate le sénateur de Paris, se nommant lui-même.

Royal, « occupe son ministère et veut avancer »

Porteuse du texte, Ségolène Royal a réussi à reconquérir le cœur des écologistes. « Je ne sais pas si c’est un sans-faute mais elle a tenu ses promesses. C’est une belle loi qui fait avancer les choses », note Esther Benbassa (Val-de-Marne). « Elle tient son rôle pleinement », ajoute l’élue. « Sa posture médiatique permet de mieux résister que les autres aux lobbys », estime Jean Desessard. Il poursuit : « Au moins elle occupe le ministère, elle a des convictions et elle veut avancer ». «C’est une ministre de poids, ce n’est pas une mauvaise chose », insiste Ronan Dantec.

Mais les intéressés se font prudents quand il s’agit de savoir si ce texte va réconcilier pleinement les écologistes et l’exécutif. Le livre brûlot de Cécile Duflot à l’encontre du couple Hollande-Valls a marqué la rentrée politique. « Ce léger réchauffement c’est la volonté de ne pas commettre l’irréparable, de laisser l’avenir ouvert », explique Ronan Dantec. Celui-ci rappelle que « la ligne de Manuel Valls n’est pas (celle des écologistes) ».

« On ne peut pas exclure un 3e temps du quinquennat de François Hollande avec les écologistes s’il y a une réorientation de la politique économique et sociale », dit-il. Jean Desessard est plus prudent : « Renouer c’est certain mais ont-ils compris que nous sommes écologistes ? ‘Venez avec nous’ qu’ils nous disent. Mais pourquoi faire ? », s’interroge le sénateur. Celui-ci souligne qu’il a prévenu « Jean-Marie Le Guen (secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, NDLR) que nous étions prêts à faire des compromis mais il faut qu’on s’y retrouve ». En attendant, Jean Desessard espère « que le texte sur la biodiversité (qui suivra celui sur la transition énergétique, NDLR) apportera des choses ».