Comme le gouvernement de droite avant lui, la gauche ne traitait pas la question de la radicalisation parce qu’elle confondait Islam de France et Salafisme.
Le bilan de la gauche dans sa politique de lutte contre la radicalisation, est assez faible pour trois raisons : erreur de diagnostic, erreur de méthode et enfin erreur de traitement. Une absence de politique en quelque sorte!
Le diagnostic a longtemps été différé puisqu’on ne commence à se préoccuper des départs en Syrie que lorsque les mères font une conférence de presse en juin 2014 qui amène à la création du téléphone vert. Les alertes des élites musulmanes tout au long de l’année 2014 étaient restées sourdes. Comme le gouvernement de droite avant lui, la gauche ne traitait pas la question de la radicalisation parce qu’elle confondait Islam de France et Salafisme. Employant des termes génériques comme « Islam radical » ou « musulmans intégristes », elle mélangeait l’un avec l’autre. Inutile de parler du rousseauisme de Mélenchon qui « ne veut pas qu’on parle de religion! » et de Nathalie Arthaud qui accuse « le grand capital »! Frilosité ou aveuglement? Il a fallu les attentats de janvier 2015 pour qu’enfin Manuel Valls parle de lutte contre le salafisme, sans faire la distinction entre salafisme quiétiste et djihadiste qui diffusent pourtant le même discours antisémite, raciste, intolérant, homophobe et misogyne et sectaire. S’il fallait se fier aux seuls discours, Hitler était un nazi quiétiste avant 1934. Une des premières mesures pour bien démontrer politiquement la différence entre Islam de France et salafisme aurait été, comme nous l’avions proposé, de rattacher le bureau des Cultes, non plus au ministère de l’intérieur, mais au Premier ministre à Matignon, et laisser la lutte contre le salafisme au ministère de l’intérieur.
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Le dispositif des unités dédiées est mort au bout de quelques mois sans évaluation ni réflexion globale sur l’allocation des ressources. Idem pour le Centre de déradicalisation de Pontourny aujourd’hui vide. La polémique politicienne tient lieu de politique comme la dénonciation radicale des errements financiers constaté par la mission sénatoriale d’Esther Benbassa (EELV) et Catherine Troendlé (LR), tient lieu d’analyse. Chaque ministre a aussi voulu poser sa pierre à l’édifice et se doter d’un Haut Conseil (formule politiquement toujours utile quand on en sait que faire). Souvent les mêmes experts se retrouvent dans la quasi-totalité des conseils. Une vision synthétique parait pourtant essentielle pour poser les grands lignes d’une politique. Matignon a créé son propre conseil scientifique trimestriel, le seul véritablement indispensable, par un décret du 3 mai 2017… 27 mois après Charlie … Les données fournies par le CIPDR comme les études de terrain confirment l’extraordinaire prégnance de la déshérence sociale dans le recrutement djihadiste. En fait c’est dans l’association quotidienne des experts à l’action publique qu’on peut évaluer et synthétiser, en ne laissant pas de côté des questions essentielles comme celle des jeunes radicaux issus des classes moyennes ou celle des jeunes filles partant en Syrie. Plutôt que de nouveaux hauts comités, il aurait mieux valu permettre l’accès des chercheurs au fichier aux quelques 6000 signalements du téléphone vert, seule donnée démographiquement exhaustive de l’état des processus de radicalisation.
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