Par Raphaëlle Besse Desmoulières
« A force de se répéter qu’ils ont fait un « bon score » aux européennes, dimanche 25 mai, peut-être que les écologistes finiront par le croire. Ils ont eu beau applaudir leurs résultats sur les plateaux télé, leur enthousiasme a été rattrapé par la réalité des chiffres et un score de 8,91 %. EELV s’en sort certes mieux que le Front de gauche mais ne termine qu’en cinquième position, derrière le FN, l’UMP, le PS et les centristes. Bien loin des 16,28 % des voix de 2009 et des quatorze députés qui avaient alors décroché leur ticket pour le Parlement européen.
Sans Daniel Cohn-Bendit comme chef de file, ils ne sont plus que six pour cette nouvelle mandature : Pascal Durand en Ile-de-France, José Bové dans le Sud-Ouest, Yannick Jadot dans l’Ouest, Karima Delli dans le Nord-Ouest et Michèle Rivasi dans le Sud-Est. En seconde position, en Ile-de-France, Eva Joly est réélue de justesse.
En revanche, Sandrine Bélier ne parvient pas à sauver son siège dans l’Est. « Si on fait entre 8 % et 9 %, ce sera notre meilleur score après 2009 », tentait d’expliquer M. Jadot avant l’annonce des résultats. L’ex-patronne des Verts, Cécile Duflot, a, elle, fait part d’un sentiment « très partagé d’un 21 avril européen ». « On fait un bon score dans une situation déprimante », juge-t-elle. Eva Joly, elle, a évoqué, à un moment où elle n’était pas sûre d’être réélue, un résultat « excellent, surtout dans l’effondrement de la gauche ».
Conscients qu’ils ne referaient pas le coup de 2009, les écologistes misaient tout de même sur un score à deux chiffres. Jean-Vincent Placé était d’ailleurs nettement moins positif que la plupart de ses camarades. « C’est une défaite électorale, a jugé le président du groupe écologiste au Sénat. Nous souhaitions faire plus de 10 % et on n’y est pas. » Un avis partagé par Christophe Rossignol, conseiller régional : « Evidemment que ce n’est pas un bon score : on est même en dessous des résultats des municipales. La dynamique qu’on a créée il y a deux mois, on l’a totalement perdue. »
Dans la soirée, certains n’hésitaient pas à critiquer la stratégie de campagne. « On aurait dû être plus positifs, soupire la sénatrice du Val-de-Marne Esther Benbassa. On n’a pas été très lisibles. En parlant du traité transatlatique, on a nui à la clarté du message. » Très active sur la procréation médicalement assistée, la sénatrice n’oublie pas un petit tacle pour José Bové à qui elle s’est récemment opposée. « La base est pour, Bové est contre, il faudrait accorder nos violons… », souligne-t-elle.
Pour son collègue Ronan Dantec, les écologistes ont aussi été concurrencés par la présence de Nouvelle Donne, le tout nouveau parti de Pierre Larrouturou, qui obtient 2,9 % des voix. « Ce sont les mêmes réseaux, juge le sénateur de la Loire-Atlantique. Si on agrège leur score et le nôtre, il y a un espace de même niveau que le PS. »
Une chose est sûre : EELV n’a pas réussi à séduire les déçus de François Hollande, comme ils avaient su rallier des électeurs socialistes en 2009. « Quand le PS est faible, les gens votent pour nous mais avec notre stratégie mortifère, on n’a pas su être une alternative », critique Christophe Rossignol.
Comme lui, les partisans du maintien au gouvernement ne manqueront pas de rouvrir les hostilités. « On savait les électeurs écologistes massivement pour la participation au gouvernement. La sortie n’a créé aucun élan électoral », a également déploré sur Twitter François de Rugy, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. Cécile Duflot, elle, reste ferme sur ses positions. « Ça a été compris », assure l’ex-ministre. »