Des formulants toxiques non déclarés sur les étiquettes de 14 produits pesticides : voici les conclusions d’une étude scientifique qui vient de déclencher la mobilisation de 119 parlementaires européens, dont 27 sénateurs français. Ils ont adressé hier un courrier conjoint à l’Autorité européenne de sécurité des aliments et menacent de saisir la justice.
« Nous travaillons depuis longtemps sur ces questions chez les Verts, mais c’est vrai que nous sommes actuellement dans un moment propice. Nous avons récemment réussi à faire reconnaître que l’Etat était fautif sur le climat, les mentalités sur les pesticides ont beaucoup mûri et le calendrier parlementaire joue en notre faveur : il faut donc ne rien lâcher ». La sénatrice EELV de Paris, Esther Benbassa qui vient tout juste de cosigner avec 26 autres de ses collègues écologistes et socialistes un courrier adressé à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), y croit dur comme fer : « ce n’est pas de la communication, il faut que nous élus et que toutes les associations engagées dans ce combat remportent enfin ce bras de fer ».
L’élue parisienne veut parler de la lutte menée par la campagne citoyenne « Secrets toxiques » qui se bat pour remettre en question le système d’évaluation actuel et exiger le retrait de ces pesticides du marché français européen et français. Ces derniers se basent notamment sur une étude d’octobre 2020 menée par les professeurs Gilles-Eric Séralini et Gérald Jungers et qui démontre que plusieurs métaux lourds et autres produits toxiques entrent dans la composition de pesticides et qu’ils ne sont pas déclarés sur l’étiquette de ces produits désherbants.
Des conditions d’évaluation pourtant exigées par l’Europe
« Ce que disent Gilles-Eric Séralini et Gérald Jungers, c’est que lorsque les pesticides sont évalués par l’EFSA, seules les molécules actives déclarées par le fabricant sont analysées. Sauf qu’il y a aussi de nombreux adjuvants dans la composition de ces pesticides comme de l’arsenic ou des hydrocarbures qu’on ne retrouve jamais sur les étiquettes des produits. L’EFSA ne regarde donc pas l’effet cumulé du principe actif avec les autres substances présentes dans le produit final, qu’on appelle l’effet cocktail », explique le sénateur écologiste Joël Labbé, qui rappelle que ces conditions d’évaluation sont pourtant exigées dans le règlement européen.
Vers une procédure devant la Cour de justice européenne ?
« Il y a une vraie mise en danger de la vie d’autrui en plus d’une atteinte à l’environnement. On est tous concerné. Deux chiffres parlent d’eux-mêmes : sur une cellule adulte, la toxicité est 1 000 fois supérieure à celle déclarée officiellement sur l’étiquette du produit, et même 100 000 fois plus toxiques sur une cellule embryonnaire. On ne dit pas la vérité aux utilisateurs de ces produits cancérigènes comme le désherbant Roundup », explique Philippe Piard, le représentant de l’association Nature et Progrès.
Le combat ne fait donc que commencer pour toutes ces associations comme Générations futures ou encore Campagne glyphosate France, qui avec le soutien de ces 119 députés et sénateurs européens et français souhaitent « ramener la EFSA a la raison ». « Elle a deux mois pour nous répondre. Si nous n’obtenons aucune réponse ou qu’elle n’est pas satisfaisante, les députés européens cosignataires engageront une procédure juridique devant la Cour de justice européenne », prévient Joël Labbé.
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