«Des mesures exceptionnelles, pas des mesures d’exception» : c’est avec cette formule que Manuel Valls a défendu, ce vendredi au palais du Luxembourg, le projet de loi qui prolonge de trois mois l’état d’urgence et modifie la loi de 1955, martelant de nouveau que «la sécurité, c’est la première des libertés». Après les députés jeudi, c’était au tour des sénateurs d’examiner le texte, une semaine après les attentats de Paris et de Saint-Denis. A l’issue des débats, à 19 heures, il a été adopté à la quasi-unanimité : 336 voix pour, 12 abstentions – 11 sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen (CRC), ainsi que l’écologiste Esther Benbassa (qui a expliqué son vote dans une tribune publiée par Libération) – et aucune voix contre, à la différence de l’Assemblée.

Durant ces quatre heures de discussion, c’est en effet le soutien au gouvernement qui a primé, même si plusieurs sénateurs de divers bords ont répété qu’il ne s’agissait pas de donner «un blanc-seing» à l’exécutif. Les désaccords avec la droite se sont exprimés, le plus souvent, à fleurets mouchetés – tout juste le Premier ministre et le sénateur LR des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, se sont-ils adressé quelques piques. Les fameuses «fiches S» («sûreté de l’Etat») sont revenues dans le débat, de même que la dimension européenne : le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, venu relayer Valls, a de nouveau appelé à une mise en place rapide du PNR (Passenger Name Record), le fichier des données personnelles des passagers aériens, fustigeant les réserves des parlementaires européens sur ce dispositif, que nombre d’entre eux jugent très intrusif. […] »