« Trois mois de bataille politique ont ruiné le rêve d’union nationale du chef de l’Etat. Son coup politique lui revient comme un boomerang alors que l’article 2 qui étend la déchéance de la nationalité française des personnes condamnées pour terrorisme est soumis ce mercredi 10 février aux députés.
C’était un bon coup politique. En tout cas, c’est ce qu’il s’était dit en prenant tout le monde de court – la droite comme la gauche – et en annonçant le 16 novembre, devant le Congrès à Versailles, que la déchéance de nationalité sera étendue aux binationaux « nés Français » condamnés pour terrorisme. Et, pendant longtemps, il a espéré avoir bien fait. Mais depuis le début de l’année, le piège se referme sur le président de la République, et chaque pas en avant, chaque tentative pour trouver une issue de secours l’emmène encore un peu plus contre le mur. Avec la modification de l’article 34 de la Constitution, François Hollande a entamé son chemin de croix. Un long chemin commencé seul, mais dans lequel il a fini par embarquer quelques proches et quelques-uns de ses adversaires – au premier rang desquels Nicolas Sarkozy, qui a fait approuver au bureau politique de son parti le 6 janvier le soutien de ce texte. « C’est une perfusion de poison lent », dit un dirigeant socialiste. Dans cette affaire, s’il y a beaucoup de perdants, il n’y aura probablement pas de gagnants. […]
Taubira s’en va
Le 27 janvier, la garde des Sceaux, opposée à la mesure, démissionne. « François Hollande a complètement rompu avec sa gauche, juge la sénatrice Esther Benbassa. Taubira est devenue notre symbole. » A l’Assemblée, le compromis que le Premier ministre a trouvé ne convainc pas. « C’est même pire qu’avant », assure un aubryste. Valls est à son tour emporté dans la tourmente. « Il procède comme une colonne blindée, décrypte un frondeur. Il considère que reculer, même pour de bonnes raisons, n’est pas une bonne idée et qu’il faut ne jamais céder. Mais du coup il n’est pas capable de trouver une porte de sortie. »[…]
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