par Tristan Quinault Maupoil,
Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale a confirmé aux Echos qu’un amendement visant à moduler les allocations familiales selon les revenus pourrait être déposé lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2015. Marisol Touraine présente le texte mercredi lors du Conseil des ministres.
Les allocations familiales seront-t-elles bientôt versées en fonction des revenus des ménages ? Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Bruno Le Roux en tête, s’est dit favorable à un amendement des parlementaires qui irait dans ce sens. Il serait débattu lors de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale 2015 dont le contenu est présenté mercredi au Conseil des ministres. Interrogé mercredi dans Les Echos, le patron des députés PS a assuré qu’il y « a une position très majoritaire dans le groupe pour étudier à nouveau la modulation des allocations familiales. »
Invité mercredi d’Europe 1, Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement n’a pas exclu un tel débat. « Il y a un débat qui va s’engager. Je ne peux pas dire autre chose (…) Tout peut évoluer, la discussion est ouverte », a assuré ce proche de François Hollande. Quant à Marisol Touraine, la ministre de la Santé a confirmé son intérêt pour la proposition sur France Info : « Nous allons en discuter, regarder ce que ça veut dire concrètement ». Précisant toutefois que pour l’heure, « les allocations ne bougeront pas »
Si le gouvernement refuse pour l’instant de s’avancer sur cette piste, la proposition fait déjà réagir de nombreux parlementaires. Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone s’est prononcé en faveur d’une telle modulation. « C’est une bonne idée » mais il faut « avoir une étude d’impact », a-t-il dit sur France Inter. Et d’ajouter : « Je ne veux pas qu’on prenne une décision sans savoir exactement quel est l’effort réclamé aux uns et aux autres ».
A l’inverse, le député PS de la Nièvre, Christian Paul, a fait part de son scepticisme sur RMC. « Je préférerais qu’on renonce à charger la barque sur les économies en matière de prestations familiales. C’est une solution ultime, ce n’est pas la meilleure », a insisté ce « frondeur ».
Sur Twitter, la sénatrice EELV du Val-de-Marne, Esther Benbassa, a dit son opposition à la proposition socialiste. « Bravo la gauche: on prend au peuple pour donner aux entreprises. Le FN (est) content ». Quant à Raquel Garrido, la porte-parole du Parti de gauche juge qu’il « s’agit d’une politique scandaleuse qui ne bénéficie à personne ». « On touche aux familles de la classe moyenne », affirme-t-elle à Public Sénat.fr.
Morano favorable à un plafonnement
Sans surprise, c’est à droite que l’opposition est la plus ferme. Le président du Parti chrétien démocrate, Jean-Frédéric Poisson estime dans un communiqué que « voter une telle disposition consisterait à rompre avec ce qui fait une des forces les plus solides de notre pays. » « Ce gouvernement et sa majorité sont incapables de trouver des ressources de financement (…) et considèrent que matraquer une fois de plus les familles, et pas seulement les familles aisées, est une solution. C’est insupportable, et nuisible pour la France », écrit le député des Yvelines.
Seule l’ex-ministre Nadine Morano a exprimé son intérêt sur BFM-TV : « J’ai toujours dit qu’il fallait ouvrir ce débat. Oui j’y suis favorable, plutôt à un plafonnement ». Une déclaration qui provoque l’ire du député UMP Philippe Gosselin, proche de la Manif pour tous : « La modulation des allocations familiales est une très mauvaise idée. C’est dangereux. Par touches successives, on finit par laminer la politique familiale qui fonctionne pourtant bien en France », détaille-t-il à Public Senat.fr.
Opposée à une telle modification, Marine Le Pen (FN) estime que « la seule modulation urgente et juste à mettre en œuvre, serait celle qui consiste à réserver les allocations familiales aux Français ».
Enfin, le président de Debout la République, Nicolas Dupont Aignan critique, dans un communiqué, une « injustice »qui mettrait « à mal le principe universaliste de notre politique familiale (…) seulement pour satisfaire les exigences budgétaires de Bruxelles ! »
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