Par Mathieu Magnaudeix.
» Pénaliser les clients des prostituées? Une proposition de loi socialiste soutenue par une grande partie de l’UMP est loin de faire l’unanimité à gauche. Catherine Lemorton, présidente socialiste de la commission des affaires sociales, est réticente: « En voulant se donner bonne conscience, ne risque-t-on pas de précariser davantage les prostituées? »…
…Cette loi d’initiative parlementaire (et non gouvernementale) prévoit l’abrogation pour les personnes se livrant à la prostitution du délit de racolage passif instauré par Nicolas Sarkozy en 2003 – c’était une promesse de François Hollande. Mais elle déplace la pénalisation sur les clients. Si cette loi est adoptée, les clients devront ainsi s’acquitter d’une amende de 1 500 euros, doublée en cas de récidive. Ils devraient par ailleurs suivre des stages de « sensibilisation aux conditions d’exercice de la prostitution, sur le modèle des stages de sensibilisation à la sécurité routière »…
…À l’inverse, des associations de prostituées, mais aussi de grandes ONG de protection des publics vulnérables, comme Médecins du monde, s’inquiètent d’« une véritable régression sociale » qui risque de précariser davantage les personnes concernées. Ils affirment qu’en Suède ou en Norvège, pays qui pénalisent le client, « les effets néfastes de ces lois sont en tous points semblables à ceux unanimement constatés en France suite à l’instauration en 2003 du délit de racolage passif : éloignement des structures de soins, de dépistage et de prévention, isolement des personnes et exposition accrue aux violences et à l’exploitation, stigmatisation, accès aux droits ». Très opposée à la loi, comme une bonne partie des parlementaires écologistes (à l’exception de la députée Eva Sas et du président du groupe au Sénat, Jean-Vincent Placé), l’écologiste Esther Benbassa dénonce « un regain de fièvre moralisatrice » et d’« hygiénisme social »… »
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