« En pleine crise de l’accueil des migrants en Europe, le Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, où sont maintenus les étrangers sans papiers arrêtés en attente d’une décision ou non d’expulsion du pays, a vu arriver ces dernières semaines de nombreuses personnes arrêtées dans la jungle de Calais. Une situation dénoncée par l’Assfam et la sénatrice EELV du Val-de-Marne, Esther Benbassa, qui s’est rendue sur place.
Seule association implantée au sein même du CRA, l’Assfam (Association Service Social Familial Migrants) regrette les arrivées successives de migrants arrêtés non seulement à Paris mais aussi ces dernières semaines dans la jungle de Calais. « On a l’impression que, dès qu’une place se libère, on cherche à la combler avec quelqu’un de Calais« , dénonce Esther Benbassa, qui a utilisé son droit de visite de parlementaire pour débarquer dans le CRA et rencontrer quelques « retenus » ce mardi soir. « On vide Calais mais ces gens, qui sont retenus dans des conditions inhumaines pour une durée moyenne de 4 ou 5 jours, repartent vers la jungle dès qu’ils sont libérés, insiste la sénatrice. Toutes les personnes que j’ai rencontrées rêvent de l’Angleterre comme destination finale. »
Séparés de leurs familles, les migrants, originaires d’Afghanistan, d’Irak, de Syrie, du Soudan, d’Erythrée ou encore du Pakistan, ne comprennent pas pourquoi certains sont libérés et d’autres non, à partir de situations administratives qui leur semblent identiques. « Ils ne rêvent que de fuir les persécutions ou de rejoindre de la famille prête à les accueillir en Angleterre, aucun n’a vocation à rester en France, encore moins vu la façon dont ils sont traités« , reprend Esther Benbassa, qui s’étonne aussi de voir des Ordonnances de quitter le territoire français (OQTF) émises par la préfecture de Calais avec la mention « sauf si originaires de Syrie, d’Irak ou d’Erythrée ». « On leur donne un document qui stipule qu’on les expulse mais qui dit aussi que c’est impossible dans l’immédiat! » Pour les migrants dans cette situation, il ne reste donc qu’à patienter avant une libération plus que probable, qui peut prendre 1 ou 15 jours, avant de repartir vers Calais pour retrouver famille, amis et connaissances et de tenter à nouveau de rejoindre la Grande-Bretagne. Sept Syriens, arrêtés dans des gares parisiennes, ont entamé aujourd’hui une grève de la faim pour dénoncer leur rétention. Esther Benbassa prépare quant à elle une question à Bernard Cazeneuve, qu’elle posera ce jeudi 12 novembre lors de la séance des questions au gouvernement du Sénat. »
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