Sabrina Sebahi et Francesca Pasquini, députées Nupes des 4e et 2e circonscriptions des Hauts-de-Seine, ainsi que la sénatrice de Paris Esther Benbassa (EELV), ont effectué une visite surprise, en plein pic de canicule, à la maison d’arrêt.
Leur constat sur la prison de Nanterre pendant la canicule a de quoi glacer. Ce mardi matin, comme la loi le permet aux parlementaires, les députées Sabrina Sebahi et Francesca Pasquini (Nupes/EELV), respectivement élues sur les circonscriptions Nanterre-Suresnes (4e) et Asnières-Colombes (2e), se sont présentées sans prévenir à la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine, à Nanterre. La sénatrice de Paris Esther Benbassa (Nupes/EELV) a pour sa part visité l’établissement dans l’après-midi.
De bon matin, l’effet de surprise a joué à plein. « On est arrivées à 7h30 et il n’y avait personne de l’administration. On a dû patienter une demi-heure et on a finalement été reçues par la direction », relate Sabrina Sebahi. Cécile Martrenchar, directrice adjointe, leur a présenté l’établissement pénitentiaire, ouvert en 1990 et dont la capacité d’accueil est de 592 places. Mais qui est invariablement en suroccupation. Aujourd’hui, avec 884 détenus, la surpopulation carcérale atteint 150 %.
Ce mardi, outre le fonctionnement général de la prison, c’est l’impact de la canicule sur les conditions de détention que les députées voulaient mesurer. « Dans les cellules de 16 m² pour quatre personnes et deux armoires, les fenêtres sont ouvertes et la porte fermée. Il n’y a aucun autre système d’aération », décrit, stupéfaite, Sabrina Sebahi. Dans certaines cellules, des serviettes humides pendent aux fenêtres et c’est tout.
« La règle, c’est trois douches par semaine »
« La direction nous a expliqué fournir des bouteilles d’eau et autoriser les détenus qui le souhaitent à prendre une douche à la demande, mais seulement s’il y a assez de personnels pour les accompagner, complète Francesca Pasquini. Et c’est rarement le cas. Ils vivent dans la chaleur, la transpiration. Tout cela contribue à mettre les gens sur les nerfs. »
« La règle, c’est trois douches par semaine, précise Cécile Martrenchar, directrice adjointe de la maison d’arrêt. Mais, même si les activités sportives tournent en ralenti, les détenus qui y vont peuvent se doucher après. Ceux dont l’état de santé le nécessite aussi. » Pour la majorité des détenus, c’est plus compliqué car il faut des surveillants pour les accompagner aux douches et les effectifs ne le permettent pas toujours.
Autre mesure prise pour ne pas accroître les difficultés et tensions : l’allègement des sanctions disciplinaires. « En cet épisode caniculaire, nous fractionnons les sanctions et faisons revenir en régime normal les détenus auxquels il ne restait que quelques jours à passer au quartier disciplinaire », précise Cécile Martrenchar.
«Les oubliés des pouvoirs publics»
« La direction envisage d’installer un climatiseur dans la salle servant aux conseils de discipline, afin de limiter les risques d’explosions de colère », dévoile Sabrina Sebahi. Les détenus qui le peuvent ont la possibilité d’acheter un ventilateur par la cantine, au tarif de 20 euros et livré en trois à quatre jours. Pour Esther Benbassa, qui l’écrit dans un tweet, les détenus sont « les oubliés des pouvoirs publics ».
« Nous appliquons toutes les recommandations, ajoute la directrice adjointe. Nous veillons sur les détenus les plus fragiles, ceux qui ont des problèmes de santé, la surveillance et l’attention sont plus soutenues. Nous distribuons des bouteilles d’eau. Mais en effet, comme à l’hôpital ou dans les Ehpad, il fait chaud en prison. »
« Les personnels, en sous-effectifs, font ce qu’ils peuvent et le font avec bienveillance, assure Francesca Pasquini. Mais la maison d’arrêt est sale et vétuste. Un des objectifs d’une incarcération est d’en ressortir en ayant effectué un parcours d’amendement et de reconstruction. Dans ces conditions, c’est impossible. Ce mardi matin, il y avait quatre places de libre. Ce n’était qu’une question d’heures pour que des lits soient de nouveau occupés. »
La surpopulation n’aidant pas à supporter la canicule, la direction s’efforce de ne pas avoir à installer des matelas au sol dans certaines cellules. « Des détenus pas encore condamnés ont été transférés dans l’aile des condamnés où il restait quelques places. C’est grave mais pour avoir visité d’autres établissements carcéraux, je ne suis pas étonnée par ce que j’ai vu », soupire l’élue d’Asnières.