« Indigne », « inhumain » : les violences policières contre migrants et journalistes dénoncées à Paris

24 novembre 2020 | Actu Paris

La police a violemment réprimé, lundi 23 novembre 2020, l’installation d’un camp de migrants place de la République à Paris. Tentes arrachées, soutiens et journalistes frappés.

De nombreux élus de Paris se sont indignés, lundi 23 novembre 2020, des violences commises par les forces de l'ordre place de la République, contre migrants et journalistes.
De nombreux élus de Paris se sont indignés, lundi 23 novembre 2020, des violences commises par les forces de l’ordre place de la République, contre migrants et journalistes. (©MAM / actu Paris)

Une « illustration sordide en plein cœur de Paris » du traitement permanent des réfugiés, dénoncent les élus de gauche : l’installation d’un camp de 450 migrants à République a été, lundi 23 novembre 2020, l’occasion d’une violente répression de la police.

« Je condamne très fermement », écrit Anne Hidalgo

« Cette façon de procéder, que je condamne très fermement, conduit à une précarisation des réfugiés et à leur mise en danger par l’usage systématique de la force »,  dénonce la maire de Paris Anne Hidalgo dans une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Des élus actuels et anciens de droite, accusent « une instrumentalisation par l’extrême-gauche des migrants« . Nicolas Jeanneté, vice-présidente du groupe LR au Conseil de Paris, déplore « un mode d’opération contre-productif qui ne fait que cristalliser les relations. »

En plus des tentes arrachées, la police a frappé sans distinction des manifestants et des journalistes présents pour couvrir l’événement. Ce fut le cas du reporter Rémy Buisine, frappé au sol par un policier sans raison. De nombreux élus parisiens, de gauche dans leur quasi-totalité, ont dénoncé la « dérive autoritaire » de la préfecture de police.

Arrachage systématique des tentes présentes

La surprise réservée par l’association Utopia 56, habituée des coups d’éclats pour mettre la lumière sur la situation dramatique des migrants, n’a pas plu à la préfecture de police et à ses troupes. Lundi soir, à peine un camp de 450 migrants était-il posé, que la police agissait.

Les forces de l’ordre, encerclant les migrants et leurs soutiens, ont entrepris d’arracher les tentes installées, une par une. Puis de les stocker dans un camion pour destruction. Comme les soutiens des migrants refusaient la manœuvre et résistaient, les policiers ont employé la force, repoussant au bouclier les députés, conseillers de Paris et militants présents.

La sénatrice Esther Benbassa (EELV), le député Éric Coquerel (LFI) et les adjoints et élus parisiens Audrey Pulvar (PS) et Danielle Simonnet (LFI) étaient, entre autres, présents. « La seule obsession du gouvernement, c’est de mettre à l’abri des regards », a accusé la dernière.

Nombreux dérapages de la police contre manifestants et journalistes

Certains policiers ont fait un usage disproportionné de la force. L’un a menacé de mort un journaliste présent, quand un autre assénait un coup de pied aux parties d’un manifestant.

Ce même policier s’est aussi illustré en attaquant, à trois reprises selon sa victime, le journaliste Rémy Buisine. Dont une dernière agression lors de laquelle ce dernier était au sol, frappé à coups de pied. Il a fallu les caméras des journalistes pour stopper le policier.

Vives réactions des élus de gauche du Conseil de Paris

Ces violences policières, et celles exercées contre les migrants contraints par la police de quitter Paris vers la Seine-Saint-Denis à pied, ont fait vivement réagir les élus parisiens.

« Ce qui se passe ce soir place la République est tout à fait indigne de notre pays », a marqué l’adjoint socialiste Frédéric Hocquard. Sentiment partagé par le sénateur PS Rémi Féraud, témoignant d’une situation « indigne et bouleversante ». Pour lui, « une telle inhumanité fait honte à la République ». L’élue Camille Naget a dénoncé le fait que « des réfugiés soient pourchassés dans les rues de Paris a coup de gaz et de matraque », exprimant sa honte.

« Honte » partagée par son collègue communiste Ian Brossat, présent près de l’Hôtel de Ville où une manifestation s’est dirigée. L’adjoint au logement d’Anne Hidalgo n’a « pas pu trouver de solution » lundi soir, a-t-il indiqué à notre journaliste présente sur place.

« Des journalistes tabassés, des réfugiés chassés à coup de matraques, des élus nassés… Face à la misère, ce déchaînement de violences est une honte. Le préfet de police doit rendre des comptes », pour l’adjoint aux transports David Belliard.

Condamnation également du côté de Nicolas Jeanneté, élu LR qui dénonce des « violences stupides » tout en déplorant « un mode d’action contre-productif » des associations.

Gérald Darmanin demande un rapport

Parmi les réactions officielles, lundi soir, deux méritaient une attention particulière. Celle d’Hugues Renson, d’abord : vice-président LREM de l’Assemblée nationale, il s’est insurgé de la « brutale dispersion de ceux qui nécessitent des solutions », la trouvant « choquante ».

Le deuxième choc à retenir est celui de Gérald Darmanin, semblant surpris que ses ordres contradictoires égrenés à ses troupes depuis sa prise de fonction soient mal compris.

Le ministre de l’Intérieur a tweeté pour annoncer qu’il avait exigé du préfet de police un rapport « avant midi » mardi au sujet de « certaines images (…) choquantes ». Le ministre n’a pas dit quelles images, mais il semble que filmer la police demeure essentiel, puisque sinon il n’aurait pas eu les vidéos de ce qu’il se passait. Ou n’aurait pas tweeté, ni vu ni connu.

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