Il faut reconnaître l’État palestinien dès maintenant. Pour la justice et pour la paix (Le Nouvel Observateur, 26 novembre 2014)

par Pascal Durand,

« LE PLUS. Faut-il reconnaître l’État palestinien ? Les députés européens doivent se prononcer sur une résolution sur ce sujet, en décembre*, au Parlement. Les eurodéputés EELV Pascal Durand, José Bové, Karima Delli, Yannick Jadot, Eva Joly, Michèle Rivasi, la sénatrice Esther Benbassa et la députée Brigitte Allain, expliquent pourquoi ils y sont favorables.

Le 29 novembre 1947, les Nations unies ont voté pour la création d’un État israélien au Moyen-Orient. Dans le contexte de l’époque, nous aurions dit oui de tout cœur et en toute bonne foi.

Oui à la création d’un État pour que les centaines de milliers de juifs persécutés par la folie nazie trouvent un lieu de refuge, un lieu pour se construire.

Oui pour que la paix puisse enfin s’établir après une Guerre Mondiale qui avait fauché plus de 60 millions de personnes, rasé l’est de l’Europe et accouché de la bombe atomique.

Enrayer la spirale de la violence

Mais ce vote aujourd’hui ne peut se traduire par la négation des droits d’un autre peuple, le peuple palestinien. De décennie en décennie, de guerre en guerre, de colonisation en colonisation, le fossé s’est creusé et les murs se sont élevés.

La haine et la peur habitent les cœurs de trop de gens. Chaque génération de jeunes palestiniens tente de briser le silence en se soulevant, en jetant des pierres contre des tanks, en répondant à la violence par la violence.

Cette spirale s’accélère dans un contexte régional qui se dégrade dangereusement et où les fanatismes religieux ou nationalistes emportent tout sur leur passage.

Qui se rappelle encore de la poignée de main sur la pelouse de la Maison Blanche entre Yasser Arafat et Yitzhak Rabin, le 13 septembre 1993 ? Ces deux grands leaders avaient brièvement réussi à faire renaître l’espoir dans les deux camps.

Savoir tendre la main à ses voisins

Mais depuis 21 ans, d’assassinats en engagements non tenus, de provocations en surenchères, la situation est devenue catastrophique.

Alors, comme en 1947, nous demandons un geste symbolique et un geste fort, celui de savoir tendre la main à ses voisins, en leur reconnaissant les mêmes droits quelle que soit leur religion. Ainsi pour garantir sa propre sécurité, Israël doit permettre la reconnaissance de l’État palestinien.

Si actuellement sur le terrain le tableau est très sombre, une dynamique positive de la diplomatie internationale permet d’espérer. La Suède a reconnu par une résolution adoptée le 30 octobre dernier l’État de Palestine, et donc le droit des Palestiniens à l’autodétermination. Lui emboîtant le pas, la Chambre des communes britannique a invité son gouvernement à en faire de même, tout comme tout récemment les députés espagnols.

En tout, 135 pays ont déjà procédé à la reconnaissance de la Palestine. Les parlementaires écologistes ont quant à eux déposé, tant au Sénat qu’à l’Assembée nationale, une résolution pour que la France reconnaisse la Palestine. Le Parlement européen se prononcera lui sur la question ce jeudi 27 novembre.

Pour la justice et pour la paix

Mme Frederica Mogherini, haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la sécurité, a déclaré qu’elle serait « heureuse si l’État palestinien existait au terme de (son) mandat ». Nous souhaitons que sa joie soit partagée bien avant 2019 par des millions de Palestiniens qui pourront enfin se construire un avenir et par des millions d’Israéliens qui pourront vivre sans l’angoisse du lendemain.

Il n’y a pas un État en trop au Proche Orient, en l’occurrence Israël, comme le pense encore certains. Mais il est clair qu’il manque un État, celui de la Palestine. Pour la justice et pour la paix, il faut reconnaître l’État palestinien, maintenant !

Signataires : Pascal Durand, José Bové, Karima Delli, Yannick Jadot, Eva Joly, Michèle Rivasi, députés européens EELV, Esther Benbassa, sénatrice EELV, et Brigitte Allain, députée EELV.

* Initialement prévu mercredi 26 juillet, ce vote a été reporté à décembre, à la demande du parti populaire européen (PPE). »

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