Mauvaise passe pour Mélenchon: la candidate LFI a été battue dans la législative partielle de l’Essonne, et la nouvelle direction du PCF semble avoir opté pour l’autonomie.
Il y a des week-ends avec, et des week-ends sans. Celui que viennent de passer Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise, du 23 au 25 novembre, appartient plutôt à la seconde catégorie.
Deux faits politiques sont venus assombrir la fin de semaine de la gauche de la gauche, qui tente de se refaire une santé, après l’épisode calamiteux des perquisitions, en surfant sur la contestation multiforme des gilets jaunes.
Circonscription gagnable perdue
Le fait le plus médiatique et le plus relayé sur les réseaux sociaux est l’élection législative partielle de l’Essonne, qui avait pour but de pourvoir le siège laissé vacant par Manuel Valls, parti à la conquête de la mairie de Barcelone après avoir quitté l’Assemblée nationale. Le second tour, le 25 novembre, laissait en lice le maire d’Évry, Francis Chouat, soutenu par La République en marche (LREM), et Farida Amrani, candidate de La France insoumise (LFI).
Bras droit de Valls, Chouat était arrivé en tête au premier tour avec 30% des suffrages exprimés, contre 17,8% à Amrani, dans un contexte d’énorme abstention (plus de 80%). Sur le papier, le second tour pouvait apparaître serré –Valls ne l’avait emporté que de 139 voix en juin 2017, ce qui avait entraîné un recours (rejeté) devant le Conseil constitutionnel de la part d’Amrani–, en raison de l’incertitude sur les reports de voix.
Finalement, le maire d’Évry l’a largement emporté, avec 59,1% des suffrages exprimés et plus de deux mille voix d’avance –la participation étant aussi faible qu’au tour précédent. Pour sa part, Farida Amrani a enregistré un très net recul par rapport à son résultat des élections générales de 2017.
La candidate insoumise comptait sur de bons reports de voix de la gauche, après le désistement du candidat communiste en sa faveur et les appels à voter LFI lancés par plusieurs personnalités du PS (Luc Carvounas, Laurent Baumel, Julien Dray), des cadres de la fédération de l’Essonne, le chef de fil de Génération.s Benoît Hamon, les écologistes Noël Mamère, Esther Benbassa (sénatrice) et Michèle Rivasi, le Mouvement républicain et citoyen (MRC, chevènementiste) et jusqu’aux Radicaux de gauche.
Malgré les désaccords que je peux avoir avec la #FI, je voterais en #Essonne @Farida_Amrani_, courageuse, investie, sincère. Non à l'abandon de cette circonscription humiliée par le départ de Valls à une alliance LREM/LR n'ayant que faire de l’écologie et des inégalités sociales.
— Esther Benbassa ? (@EstherBenbassa) November 19, 2018
La France insoumise elle-même avait mis le paquet. Mélenchon était venu en meeting pour soutenir sa candidate et une demi-douzaine de parlementaires LFI avaient fait le déplacement dans la circonscription, réputée gagnable puisqu’elle figurait parmi les cinquante dans lesquelles le candidat insoumis à la présidentielle avait réussi son meilleur score. Il n’y avait qu’un seul mot d’ordre, vulgarisé par François Ruffin sur Twitter: «Bon débarras à la gangrène Valls, il faut nettoyer le terrain.»
Il faut battre Macron. Le battre partout où c'est possible. Et ça commence dans les urnes, à Evry, avec @Farida_Amrani_ . J'invite les copains de partout à l'aider. A réveiller les électeurs de l'Essonne. A leur faire comprendre que leur bulletin est un enjeu pour la patrie ! pic.twitter.com/rvijP47oIo
— François Ruffin (@Francois_Ruffin) October 31, 2018