Après une matinée plutôt calme, la situation s’est dégradée dans la capitale, samedi après-midi, faisant basculer la ville dans le chaos en fin de journée.
Dix mille manifestants, 1 082 interpellations, plus de 70 blessés, des dizaines de vitrines brisées, des magasins pillés et des voitures incendiées… Comme attendu, Paris a vécu des heures chaotiques, samedi 8 décembre, pour « l’acte IV » de la mobilisation des « gilets jaunes ». Récit d’une journée survoltée.
Nombreuses interpellations, déploiement de blindés… Une matinée sous contrôle
Les autorités avaient prévenu : une semaine après un véritable chaos dans les rues de la capitale, le dispositif de sécurité serait cette fois maximal. Au petit matin, pas moins de 36 stations de métro restent fermées, indique la RATP, dont celles qui desservent les Champs-Elysées, le Louvre, l’Hôtel de Ville et les grands magasins. La ligne C du RER est également interrompue. Objectif : éviter que les « gilets jaunes » puissent circuler rapidement d’un quartier à l’autre. Très tôt, des blindés de la gendarmerie prennent place devant l’Arc de triomphe, mais aussi dans plusieurs points stratégiques de la capitale.
Surtout, dans les gares parisiennes et au niveau des péages franciliens, les forces de l’ordre ont pour ordre de procéder à un maximum de fouilles. A 7h30, déjà 121 personnes ont été interpellées, dont 32 placées en garde à vue, essentiellement pour « participation à un groupement en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destruction/ dégradation de biens ». De fait, lors de ces contrôles, la police retrouve, en vrac, des marteaux, battes de base-ball, billes de paintball, boules de pétanque, extincteurs, couteaux…
Vers 8 heures, sur les Champs-Elysées, une grosse centaine de « gilets jaunes » commencent à se rassembler devant l’Arc de triomphe, face à un important dispositif de sécurité. Contrairement au samedi 1er décembre, l’accès à la « plus belle avenue du monde » est autorisé, mais la fouille des sacs, là aussi, est quasi systématique. Les forces de l’ordre jettent les protections des manifestants (casques, masques, lunettes…). Dans le lot, certains journalistes se voient également confisquer leur matériel de protection.
Quelques centaines de « gilets jaunes » se déplacent par grappes, plutôt qu’en défilé organisé. Des « Macron démission » fusent, et des « gilets jaunes » commencent à « siffler les représentants des forces de l’ordre », note France Bleu Paris. Mais dans l’ensemble, les choses se passent mieux que sept jours plus tôt à la même heure.
Des Champs-Elysées aux Grands Boulevards, la tension monte peu à peu
A 10 heures, le Premier ministre Edouard Philippe arrive à la cellule de crise du ministère de l’Intérieur pour présider une réunion en compagnie du ministre Christophe Castaner. Sur le périphérique parisien, quelques dizaines de « gilets jaunes » tentent de mettre en place un barrage sur le périphérique parisien, à hauteur de la porte Maillot, avant d’être rapidement dispersés.
Au même moment, du côté des Champs-Elysées, des « gilets jaunes » s’engouffrent dans la rue Arsène-Houssaye, sur le haut de l’avenue. Une rue bloquée par les forces de l’ordre. Il est 10h25, les policiers tirent alors les premiers gaz lacrymogènes pour disperser ces manifestants. A cette heure-là, selon la police, 354 personnes ont déjà été interpellées, dont 127 sont en garde à vue.
A quelques minutes à pied des Champs-Elysées, un rassemblement s’est formé vers 10 heures près de la gare Saint-Lazare, avec des personnalités de gauche « soutenant les revendications de justice fiscale et sociale portées par le mouvement des « gilets jaunes ». Parmi eux, le porte-parole du NPA Olivier Besancenot, le député de La France insoumise Eric Coquerel, la sénatrice EELV Esther Benbassa ou encore l’écrivain Edouard Louis
Le cortège qui s’élance de Saint-Lazare est rapidement bloqué sur le boulevard des Italiens. En référence aux adolescents de Mantes-la-Jolie, dont l’interpellation filmée par la police jeudi a fait polémique, des manifestants se mettent à genoux, mains derrière la tête.
Référence aux lycéens arrêtés à Mantes-la-Jolie dans la manifestation de St Lazare qui est maintenant bloquée sur le boulevard des Italiens.
Sur les Champs-Elysées, où sont désormais rassemblés quelque 1 500 « gilets jaunes », la tension ne retombe pas. Selon des journalistes sur place, certains descellent des pavés, tandis que la police fait usage de Flash-Balls.
Un photoreporter du Parisien, Yann Foreix, est touché par une balle à la nuque. « Le policier était à deux mètres, derrière moi. Il a tiré alors que j’étais de dos. C’est incompréhensible. C’est arrivé à un moment où la situation était calme. Je me suis retrouvé soudainement par terre, sonné », explique Yann Foreix, après avoir été évacué à l’hôpital. « [Le policier] m’a dit : ‘désolé, je visais quelqu’un d’autre' », indique-t-il plus tard à son journal.
Dernière photo avant l impact. J ai perdu connaissance quelques sec au sol puis j’ai été aidé par plusieurs manifestants, que je remercie, à me relever. J’ai cru à un pavet. Je suis évacué à l’hôpital.
Sur les Grands Boulevards, non loin des grands magasins comme le Printemps et les Galeries Lafayette, des manifestants utilisent mobilier urbain et végétation pour monter une barricade autour du métro Richelieu-Drouot. Des vitrines volent en éclats. Une poignée de casseurs commencent à s’en prendre à une banque Crédit du Nord, avant d’être stoppés par d’autres « gilets jaunes » et par l’intervention des forces de l’ordre.
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