Des premières tensions ont éclaté à Paris lors de la manifestation des gilets jaunes qui a réuni 13 800 personnes.
Des heurts ont éclaté samedi après-midi à Paris, à l’arrivée du cortège de l’acte 12 des gilets jaunes. Une centaine de manifestants masqués ou cagoulés ont jeté des projectiles sur les forces de l’ordre stationnées à proximité, qui ont riposté avec des gaz lacrymogènes, des charges et en utilisant un camion lanceur d’eau. 22 personnes avaient été interpellées selon un bilan de la préfecture de police de Paris en milieu d’après-midi.
Après un défilé sans heurts, de premiers incidents ont éclaté Boulevard Saint-Martin, où les forces de l’ordre ont commencé à faire usage de lacrymogènes et de canon à eau pour maintenir à distance des manifestants qui leur lançaient des projectiles. Des affrontements épars se sont ensuite poursuivis place de la République dans un épais nuage de lacrymogène, où du matériel urbain a été incendié et où des manifestants ont été interpellés.
« Tout le monde déteste la police », scandaient des manifestants. L’un d’eux a été évacué par les pompiers après avoir été atteint au visage par un tir de LBD, a constaté un journaliste de l’AFP.
13 800 manifestants à Paris
La manifestation de ce samedi, consacrée aux « gueules cassées » du mouvement des gilets jaunes, a réuni 13 800 personnes à Paris selon un comptage réalisé par le cabinet Occurence pour un groupe de médias, et 10 500 selon la préfecture de police. Samedi dernier, les autorités en avaient compté 4000.
Une manifestation pour les victimes de violences
Des centaines de manifestants avaient commencé à se réunir dès la fin de matinée ce samedi à Paris pour défiler contre les violences policières pour l’acte 12. A midi, quelques centaines de gilets jaunes étaient rassemblées place Félix Eboué, dans le 12e arrondissement, derrière une banderole réclamant l' »interdiction des grenades et des LBD » et un kaléidoscope montrant des visages tuméfiés.

Les manifestants à Paris derrière la banderole composé de dizaines de photos de personnes blessées durant les manifestations
REUTERS/Philippe Wojazer
Figure du mouvement et gravement blessé à l’oeil la semaine dernière, Jérôme Rodrigues, était acclamé et applaudi par des manifestants, comme le montre la vidéo de la sénatrice EELV Esther Benbassa, présente à la manifestation.

Jérôme Rodrigues à la « Marche des blessés » pour l’acte 12 des gilets jaunes à Paris, le 2 février 2019
REUTERS
Avec les #GiletsJaunes. Avec #JérômeRodrigues. pic.twitter.com/caWFbyNoFK
— Esther Benbassa ? (@EstherBenbassa) February 2, 2019
Dans la foule, quelques manifestants portaient un faux bandage à l’œil en solidarité avec les blessés graves. « Ça me choque quand je vois les armes qu’ils utilisent », témoigne Gérald, maçon à Saint-Quentin, dans l’Aisne. « Il y a 15 jours une grenade nous est passée juste à côté. Elle a explosé à deux mètres. On a vu les éclats partir en l’air, c’était très choquant », ajoute son frère Olivier.
Selon le collectif militant « Désarmons-les », 20 personnes ont été gravement blessées à l’oeil – la plupart éborgnées – depuis le 17 novembre. La police des polices (IGPN) a été saisie de 116 enquêtes selon une source policière, portant pour dix d’entre elles sur de graves blessures aux yeux. Saisi en urgence, le Conseil d’Etat a toutefois estimé vendredi que le risque de violences dans les manifestations rendait « nécessaire de permettre aux forces de l’ordre de recourir » aux LBD, une décision jugée « incompréhensible » par des gilets jaunes.
Arrivés place de la Bastille peu avant 15 heures, les manifestants étaient rassemblés pour écouter les témoignages de gilets jaunes blessés lors des manifestations, comme le relève ce journaliste du Monde présent sur place :
« Mur de la honte » à Marseille
Ce samedi, les gilets jaunes appellent aussi à se mobiliser en masse à Valence, où le président Emmanuel Macron s’était rendu la semaine dernière pour le grand débat lancé dans l’espoir d’éteindre la crise.
Au total, 5400 étaient comptabilisés dans cette ville de la Drôme, selon le dernier décompte de la préfecture, ce samedi, loin des 10 000 personnes attendues. Des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises, et la préfecture a annoncé que 14 personnes avaient été interpellées avant la manifestation.
Dans la matinée, des marches ont également eu lieu dans le grand ouest, à Caen (2500 personnes selon les organisateurs), où des gilets jaunes arboraient cache-œil ou bandages et à Rouen et des pancartes appelant Macron à « faire [sa] valise ».
Des rassemblements sont également prévus à Bordeaux et Toulouse, traditionnelles places fortes de la mobilisation, où les précédents actes ont été émaillés d’incidents avec les forces de l’ordre, mais aussi à Nancy, Caen, Nantes ou Rouen. Sur le Vieux Port de Marseille, « un mur de la honte » devait être érigé en souvenir des 14 personnes mortes (11 en France, 3 en Belgique) accidentellement depuis le début du mouvement.
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