France. L’égalité dans les quartiers, c’est maintenant (Le Courrier de l’Atlas, 30 novembre 2012)

Sous l’égide de la sénatrice verte Esther Benbassa, hommes politiques, associatifs et simples militants sont venus débattre des problématiques liées aux quartiers populaires. Photos Jonathan Ardines / LCDA.

Les 30 novembre et 1er décembre, le palais du Luxembourg accueille deux journées de débats citoyens organisées par Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val de Marne. Une pléiade d’intervenants est conviée à échanger autour des problématiques qui touchent les quartiers.

France.
Première matinée consacrée au logement, à l’habitat et au transport.

 

« Les oubliés de la nation ont également le droit à l’égalité », lance la sénatrice Esther Benbassa lors de son discours d’ouverture.

Dans la salle Clémenceau du Palais du Luxembourg, il y a foule pour cette première journée. Sous l’égide de la sénatrice verte et à la mémoire de Mouloud Aounit, ancien président du MRAP, disparu cette année, hommes politiques, associatifs et simples militants sont venus débattre des problématiques liées aux quartiers populaires. Des quartiers qui ont vu les promesses défiler depuis une trentaine d’années. Les résultats, eux, se font toujours attendre.

 

Cécile Duflot lance les hostilités

Pour cette première matinée consacrée au logement, à l’habitat et au transport, la ministre du Logement a fait le déplacement. « Heureuse » d’avoir été invitée, Cécile Duflot ne se cache pas derrière « 10 ans de politique de droite ». Pour elle, le changement doit intervenir maintenant en prenant les bonnes décisions.

Elle profite de son allocution à la tribune pour envoyer un message au Premier ministre, « le droit de vote des étrangers ne peut pas attendre, il faut s’en donner les moyens ».

Autre priorité à ses yeux, la lutte contre le contrôle au faciès : « Le récépissé du contrôle d’identité peut rapprocher la police et le citoyen et renforcer le respect mutuel ». Elle en profite pour lancer une salve en direction du ministre de l’Intérieur, réticent au récépissé : « Moi aussi, je n’étais pas convaincue au début, mais en rencontrant les membres du collectif, j’ai compris que la République y gagnerait ».

 

Discrimination à tous les étages

Emmanuelle Cosse, vice-présidente de la région Ile-de-France chargée du logement plante le décor : « La situation du logement est critique en France ».

Pointant du doigt les bailleurs sociaux qui pendant longtemps « n’ont pas bougé le petit doigt » pour réparer des immeubles devenus insalubres, Patrick Farbiaz fondateur de l’association « Sortir du colonialisme » met les pieds dans le plat. « Il y a une véritable politique de discrimination qui entoure la recherche d’un logement », avance-t-il avant de s’expliquer : « Plein de clichés toujours visibles existent, les Africains seraient polygames, un cadre d’origine maghrébine aurait peu de chance de garder son travail, les fauteuils des handicapés abîmeraient les planchers.. ».

Une étude récente a dévoilé que 37% des personnes interrogées s’estimaient victimes de discrimination à cause de leur origine. « Le logement doit être un droit fondamental, ça ne sera jamais le cas si l’égalité n’est que de façade », rajoute-t-il.

 

Des nouveaux transports mais à quel prix ?

La flambée des prix des loyers dans la capitale et en proche banlieue a poussé les ménages modestes à s’éloigner. Mais certaines villes, à l’image de Clichy sous Bois, sont très mal desservies par les transports.

Une situation ubuesque parfois encouragée par les maires des villes voisines. « Le T4 qui doit relier Clichy-sous-Bois se heurte à l’opposition des maires de Livry Gargan et Pavillons sous Bois qui ne veulent pas voir « cette population » débarquer sur leur commune », se désole Pierre Serne, vice-président de la région Ile de France chargé du transport. Malgré cette fronde, la région ne va pas flancher et promet de mener « tous ses projets à terme ».

Ces nouveaux tramways qui pullulent en Ile de France laissent de marbre Jean-Baptiste Eyraud, président du DAL : « C’est très joli de créer de nouveaux moyens de transports, mais ça fait monter les prix et les gens les plus fragiles sont chassés ».

La crise du logement souffre des mêmes maux selon lui. Les plans de renouvellements urbains qui se sont succédé depuis 30 ans n’ont fait qu’empirer les choses : « La rénovation urbaine fait grimper les loyers, il faut encadrer les prix pour les rendre accessible à tous. Aujourd’hui, les gens mettent 60 à 70% de leur salaire dans un loyer qui ne sert qu’à nourrir la rente », s’indigne le président du DAL.

Jonathan Ardines

France.
Pour Cécile Duflot, deux priorités : le droit de vote des étrangers et la lutte contre le contrôle au faciès.