Faut-il avoir recours aux statistiques ethniques ? (La Croix, 6 mai 2015)

« POUR LE RECOURS AUX « STATISTIQUES ETHNIQUES »

Depuis des années, un débat divise les chercheurs, les politiques et le monde associatif sur la manière de mieux prendre en compte la diversité culturelle ou ethnique de la population. Mais même pour les partisans de ce que l’on appelle de manière générique les « statistiques ethniques », la manière de procéder de Robert Ménard est la pire des solutions. Calculer, sur la base de prénoms, le nombre de fidèles d’une religion donnée revient à recenser et à classer nominativement la population selon des catégories présupposées.

Depuis la loi informatique et libertés de 1978, l’interdiction de posséder des fichiers nominatifs contenant des données personnelles ne souffre aucune exception. Mais des chercheurs, désireux de mieux mesurer la diversité, proposent des méthodes et outils totalement différents, récusant le terme de « statistiques ethniques », qui fausse la réflexion. Il s’agirait de mener des enquêtes scientifiques (et non pas de constituer des fichiers) qui prendraient par exemple en compte la couleur de la peau pour faire ressortir la réalité des discriminations.

Chercheur à l’Ined, Patrick Simon explique que sur des problématiques comme l’accès au logement ou l’écart de salaires, ces travaux permettraient de mieux lutter contre l’invisibilité statistique de certaines minorités.

Par ailleurs, un récent rapport des sénateurs Jean-René Lecerf (UMP) et Esther Benbassa (EELV) fait valoir que « disposer de données statistiques précises sur la composition de la population française » est« indispensable pour déceler la discrimination ». Ils proposent d’introduire« une fois tous les cinq ans, dans le recensement, une question sur le pays de naissance des ascendants et la nationalité antérieure ».

 

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