Faut-il autoriser les statistiques ethniques en France ? (El Watan, 23 mai 2015)

« En affirmant compter les musulmans, le maire de Béziers, proche du Front national, a ravivé un débat qui traverse la société française, l’autorisation des statistiques ethniques.

Lyon / De notre correspondant

Comment faire pour dégonfler les thèses extrémistes qui s’abritent derrière le flou de l’interdiction des statistiques ethniques pour cracher leur venin, notamment sur les musulmans ? Des démographes, des sociologues et quelques hommes politiques pensent qu’il faut faire évoluer la loi pour supprimer les aspirations xénophobes. On se souvient que le Front national avançait dès les années 80 qu’un million de chômeurs égal un million d’immigrés. Sous-entendu, chassez les arabes et le chômage disparaîtra. Devant l’impossibilité de répondre à cette énormité avec des chiffres fondés, le raccourci a, depuis, fait son chemin, alors qu’il n’y a jamais eu de corrélation entre chômage et immigration.
En disant qu’il avait dressé une liste des élèves musulmans des écoles publiques, Robert Menard s’est attiré la foudre antiraciste. Le maire de Béziers a rouvert ainsi le dossier des statistiques ethniques, interdites par la loi en France, en introduisant une donnée absolument indigne : la religion des jeunes enfants. Le 11 mai dernier,  l’élu frontiste a récidivé dans ses mauvaises intentions en transmettant une missive aux députés pour leur demander de déposer une proposition de loi pour autoriser les statistiques « ethniques et religieuses ».

Dans un sondage OpinionWay pour le magazine ValeursActuelles, les Français sont 59% à se dire favorables à l’élaboration de statistiques ethniques contre 41% qui se disent défavorables. Une autre étude d’opinion Odoxa pour Le Parisien donne 55% de personnes favorables.

L’idée est prise au sérieux par la sénatrice écologiste Esther Benbassa qui postule qu’instaurer la légalité des statistiques ethniques s’opposerait au  «fichage sauvage de Robert Ménard sans aucune méthode et nominal (qui) avait un but stigmatisant». Louis-George Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran) pense que «le fichage est un outil raciste, les statistiques un outil anti-raciste.»

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