INFO CAPITAL. Chargée d’animer une table ronde sur les violences policières à l’occasion du lancement des journées d’été d’Europe Ecologie – Les Verts, jeudi 22 août, la sénatrice Esther Benbassa a écarté l’un des invités, représentant d’un syndicat policier à la réputation controversée. Avant de décider, in extremis, de le laisser monter à la tribune.
Les journées d’été des Verts débutent par un imbroglio. A quelques heures de la tenue d’une table ronde intitulée “Violences policières : quartiers et mouvements sociaux”, ce jeudi 22 août à Toulouse, la sénatrice de Paris Esther Benbassa, chargée d’animer les débats, a exfiltré un syndicaliste policier jugé pas vraiment écolo-compatible par d’autres participants. Avant finalement de le laisser monter à la tribune. “Après une discussion approfondie juste avant la séance et une fois obtenu l’accord de tous les intéressés, il a finalement bel et bien participé au débat”, a indiqué Esther Benbassa à Capital vendredi matin, au lendemain de l’événement.
L’homme au centre de cet imbroglio se nomme Christophe Crépin. Ex-délégué Unsa-Police, il avait claqué la porte de ce syndicat, classé à gauche, pour rejoindre France Police – Policiers en colère à la fin de l’année 2018. Il souhaitait alors porter une “voix plus radicale” pour défendre ses collègues. C’est donc en tant que porte-parole de cette formation, créditée de 3,12% des voix aux élections professionnelles de décembre 2018, qu’il a été invité à débattre par Esther Benbassa aux journées d’été des Verts. À ses côtés sur le programme initial de l’événement, figuraient les noms de Sandra Regol, porte-parole d’EELV, du journaliste David Dufresne, vigie des violences policières, ou encore de la Gilet jaune toulousaine, Odile Maurin.
Une présence gênante pour les autres invités ?
Des personnalités plutôt classées à gauche. On ne peut pas en dire autant du syndicat représenté par Christophe Crépin. Si France Police s’autoproclame apolitique, ça n’est pas le cas de tous ses membres. Michel Thooris, le secrétaire général du syndicat, a longtemps affiché son soutien au Rassemblement national. Un temps proche de Marine Le Pen, il a conseillé la candidate sur les questions de sécurité, lors des campagnes présidentielles de 2007 et 2012. Candidat Rassemblement bleu marine (RBM) dans la commune de Carros (Alpes-Maritimes) en 2014, il siège toujours dans l’opposition au conseil municipal, comme l’indique le site officiel de la commune.
Pourtant, Michel Thooris affirme avoir pris ses distances avec le Rassemblement national. “C’est du passé, j’ai tourné la page”, confie-t-il à Capital. Un “passé” parfois lourd à porter pour son syndicat, qui reste fréquemment assimilé à l’extrême-droite. D’ailleurs, la présence médiatique de France Police s’est longtemps résumée aux interviews accordées par son secrétaire général à des sites très droitiers, tels que Boulevard Voltaire ou Novopress. Ce qui explique sans doute l’étonnement suscité par l’invitation de Christophe Crépin, son bras droit en charge de la communication, aux journées d’été d’Europe Ecologie – Les Verts.
Le syndicaliste a été décommandé, puis réintégré in extremis
Une piste de compréhension : depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, France-Police a été le l’unique syndicat policier à afficher de la sympathie pour les manifestants, et à évoquer ouvertement les violences policières. Ce qui lui fait au moins un point commun avec la sénatrice Esther Benbassa, qui connaissait Christophe Crépin pour avoir échangé à plusieurs reprises avec lui, lorsque ce dernier militait à l’Unsa-Police.
“J’assume de l’avoir invité. On ne peut pas parler des violences policières sans policier autour de la table”, répond Esther Benbassa à Capital, qui s’étonnait de cette présence.
Un débat sur la police, sans policiers : c’est pourtant ce à quoi ont failli avoir droit les sympathisants écologistes présents à Toulouse. Confrontée aux fortes réticences d’autres participants à la table ronde, Esther Benbassa avait d’abord décidé de cantonner Christophe Crépin à un rôle d’observateur, dans le public, pour éviter la polémique. Finalement, une discussion approfondie entre le syndicaliste et les autres participants ont permis d’apaiser les esprits, à quelques minutes du début de l’événement. “Christophe Crépin a bel et bien participé comme prévu, à la table, au débat programmé. Vous pouvez le voir assis à ma gauche”, indique Esther Benbassa à Capital, après nous avoir transmis un cliché.
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