Droits LGBTQI+ : l’égalité et la solidarité contre les haines et les violences !

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, ce dimanche, plus d’une centaine de citoyens, d’élus et de responsables d’association appellent le gouvernement à agir contre les discriminations des droits des personnes LGBTQI+.

Tribune. Ne confinons pas notre aspiration à l’égalité. Cette année, cette journée mondiale de lutte contre les haines anti-LGBTQI+ a lieu dans le contexte particulier de la pandémie de Covid-19. Nous ne pouvons pourtant pas abandonner la lutte pour des sociétés humaines ouvertes, vivantes et créatives.

Les associations travaillent au quotidien solidairement aux côtés des personnes lesbiennes, gays, bi, trans et intersexes victimes de violences et de discriminations, souvent accentuées par cette pandémie, et nous saluons leur mobilisation remarquable. C’est d’autant plus crucial que les conséquences de la pandémie entraînent, avec le confinement par exemple, un recul des libertés individuelles.

De ce point de vue aussi, ce qui se passe en Europe est inquiétant et, pour tout dire, inacceptable. En Hongrie, c’est dès les premiers jours de confinement, le 31 mars, que les personnes trans et intersexes ont été ciblées sans états d’âme par l’article 33 d’un projet de loi qui, d’un coup de plume, efface toute possibilité pour elles et eux d’obtenir des papiers en conformité avec leur identité de genre. L’incompréhensible calendrier de cette mesure, son contenu abject, est une façon comme une autre, dans le cadre du hold-up généralisé du Premier ministre conservateur Viktor Orbán sur l’état de droit, de désigner les personnes trans à la réprobation générale.

«Zones sans idéologie LGBT»

En Pologne, dès le début de l’année 2020, on a vu fleurir des villes avec de prétendues «zones sans idéologie LGBT». Ce sont une centaine de communes qui se déclarent ainsi ouvertement LGBT-phobes et accroissent encore le risque de violences à l’égard des personnes LGBTQI+ en favorisant un climat de haine, la libération de la parole et des actes LGBT-phobes, les prises de risques et les suicides. Les réactions internationales étaient déjà faibles, hésitantes, approximatives avant la crise. Elles sont désormais absentes ou inaudibles.

En France, ni le président Macron ni le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian n’ont daigné condamner publiquement ces reculs inédits pour les droits humains au sein de l’Union européenne. Quand ce silence coupable et mortifère cessera-t-il ? Quand daigneront-ils enfin agir ouvertement pour combattre ces graves manquements à l’une des raisons d’être de l’Union européenne ? Ainsi, même lorsque les responsables publics n’attisent pas les haines, notamment envers les personnes LGBTQI+, on constate de la part de certain·e·s élu·e·s une étonnante gêne vis-à-vis de la lutte contre les discriminations. Comme si elle devait s’effacer poliment face à tous les autres sujets pendant le confinement.

La stratégie de la Commission européenne pour l’égalité des personnes LGBTI est en attente. Nous n’avons pas ce luxe de temps ! L’intergroupe LGBTI du Parlement européen comme la fédération européenne des associations LGBTI, l’Ilga-Europe, appellent inlassablement à ce qu’elle soit finalisée et renforcée au plus vite, compte tenu des conséquences de la crise sanitaire, économique et sociale sur les LGBTQI+.

En France, les pouvoirs publics ont perdu du temps pour prendre en compte la situation de nombreux jeunes LGBTQI+ qui ont dû faire face à un environnement familial homophobe ou transphobe lors du confinement. De nombreuses personnes trans, notamment sans papiers ou/et en situation de prostitution, sont contraintes, du fait de leur situation de grande précarité, à s’exposer, et donc à être contaminées et parfois à mourir à la suite de complications liées au Covid-19.

Loi bioéthique

Ajoutons que la deuxième lecture de l’incomplète et inégalitaire loi bioéthique, dont l’élaboration traîne déjà depuis le début de la législature, a été reportée sine die. L’ouverture de la PMA devra donc attendre. Encore. Une France qui tâtonne et reporte, une Europe qui reste muette quand les personnes LGBTQI+ sont désignées comme les boucs émissaires de paniques morales créées et entretenues par les réactionnaires, nous ne l’acceptons pas.

La crise sanitaire ne peut pas être un prétexte pour en rabattre d’un pouce sur la lutte contre les discriminations et en faveur de l’égalité des droits. C’est la dignité et l’intégrité des personnes qui est en jeu. Nous y veillerons, en tant que personnes lesbiennes, gays, bi, trans, intersexes ou alliées, mais aussi et avant tout en tant que citoyennes et citoyens de toutes orientations sexuelles, identités de genre et caractéristiques sexuées attaché·e·s au principe d’égalité.

Face au silence qui entoure ces questions essentielles, nous demandons aux responsables politiques de tous bords, et en premier lieu au gouvernement français, d’être à la hauteur de l’époque qui s’ouvre et de reprendre sans délai le travail pour l’égalité des droits. Nous appelons en conséquence le gouvernement à tout mettre en œuvre pour rendre ses politiques de lutte contre les discriminations plus efficaces et inclusives, à mettre en avant une diplomatie des droits humains qui prenne en compte l’orientation sexuelle, l’identité de genre et les caractéristiques sexuées, et à mettre à l’agenda la loi ouvrant la PMA dès la reprise des activités parlementaires.

La liste des 130 signataires, militant·e·s, élu·e·s, associatif·ve·s, citoyen·ne·s engagé·e·s pour l’égalité sur ce lien.