Le 12 juillet, les sénatrices Esther Benbassa (EELV) et Catherine Troendlé (LR) ont rendu public un rapport sur le désendoctrinement et la réinsertion des djihadistes. Pour Esther Benbassa, qui cite le Danemark en exemple, il est urgent de proposer des politiques sur-mesure, en fonction du profil des personnes « radicalisées ».
- NEON : Pour rédiger votre rapport, vous vous êtes penchées sur des initiatives prises par nos voisins européens. Quelles leçons en avez-vous tiré ?
Esther Benbassa : À Aarhus, au Danemark, ils proposent un accompagnement des personnes « radicalisées » sur-mesure. Il existe plusieurs niveaux de prise en charge, en fonction du degré de « radicalité » de l’individu. L’un deux, et c’est celui qui nous intéresse le plus, s’appelle Exit programme. C’est un programme de sortie de violence, qui mêle du collectif et du sur-mesure. Les personnes « radicalisées » sont suivies. On essaie de leur trouver un appartement, un stage, du travail. Bref, de les réinsérer dans la vie normale de jeunes de leur âge. Là-bas, ils estiment qu’il ne faut pas les sortir de leur structure religieuse. C’est pourquoi ils n’emploient pas le mot de « déradicalisation ». En France, lorsque l’on parle de « déradicalisation », il y a cet espoir inconscient de les sortir de l’islam. Personnellement, je préfère parler de « désendoctrinement ».
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