Des données pour mesurer la discrimination: le Ménard qui cache la forêt (Le Huffington Post, 12 mai 2015)

« […] La France refuse de collecter des données basées sur l’auto-identification ethnique ou religieuse. Elle mène pourtant ses recensements en usant de critères de substitution : le pays de naissance, la nationalité de naissance ou celle des parents. Sous le contrôle de la CNIL, elle autorise des études basées sur les prénoms et les patronymes. L’intention n’est certes pas de stigmatiser, mais il y a un point commun avec l’affaire de Béziers. Du point de vue de la discrimination ethnique ou religieuse, il s’agit de critères arbitraires, utilisés pour reconstituer, sans l’assentiment des personnes, des catégories ethniques ou religieuses. De ce fait, ces catégories ne peuvent saisir toute la difficulté et la complexité des situations de personnes qui peuvent être françaises depuis de nombreuses générations, tout en continuant à appartenir à une minorité ethnique visible. Elles ignorent le fait que les croyances religieuses sont indépendantes de toute question de nationalité.

ENAR, qui a noté l’appel des sénateurs Esther Benbassa et Jean-René Lecerf pour le pragmatisme dans la mesure des discriminations, souhaite que le cas Ménard soit une opportunité de relancer le débat. Il serait hypocrite de s’en tenir à une condamnation de principe, en refusant de différencier le fichage stigmatisant de la collecte de données protégées vouées à orienter l’action publique. »

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