Suite au déplacement du 17 mars 2022 aux différents points d’accueil des réfugiés Ukrainiens à Paris, la sénatrice Esther Benbassa s’est rendue en Pologne les 22 et 23 mars 2022 en soutien aux populations fuyant la guerre en Ukraine et afin de faire un constat de la situation humanitaire sur place. La sénatrice a pu se rendre à la frontière avec l’Ukraine, visiter la Gare centrale de Varsovie et le centre humanitaire PTAK.
Déplacement à la frontière (Dorohusk)
Les bus font des aller-retours Ukraine-Pologne mais les horaires d’arrivées sont imprévisibles, ce qui rend la logistique parfois compliquée. Il y aurait environ 2 000 arrivées par jour actuellement, en comparaison à 4 000 la semaine dernière. Beaucoup de femmes arrivent en pleurs avec leurs enfants selon les volontaires, d’autres sont rassurées de pouvoir fuir la guerre avec leurs enfants mais dévastées par le fait de devoir quitter leur mari, fils, père. Tous nourrissent l’espoir d’une victoire ukrainienne suivie d’un retour éventuel au pays. La dignité est de mise. Après l’arrivée en bus et le passage à la frontière, les réfugiés vont à la station de trains où les douaniers polonais vérifient passeports et identités. Les familles s’entassent dans les wagons dans une extrême exiguïté avec enfants, parents, animaux. Très peu d’hommes font partie de ces exils provisoires. La plupart se dirige ensuite vers les villes de Chełm et Lublin, puis vers Varsovie. Selon l’association qui dirige l’action sur place (Polish humanitarian action), rien ne manque en ce qui concerne les premiers besoins. La plupart des dons seraient faits par des entités ou personnes privées. En termes de besoins de personnel, d’autres associations et plateformes aiguillent des volontaires jusqu’à la frontière. Ian, bénévole rencontré sur place et ancien activiste d’extinction rébellion en Pologne, insiste sur le fait que les réfugiés souhaitent être aidés mais supportent très mal le sentiment de pitié envers eux. D’après les volontaires et un douanier, des tanks sont amassés à proximité des frontières du pays avec la Biélorussie et l’Ukraine, ce qui provoque en eux la peur de voir le conflit déborder en Pologne.
Visite de la Gare centrale de Varsovie
Un guichet a été mis-en-place pour inscription des bénévoles. Ces derniers dirigent les réfugiés vers les bus, trains ou avions qui les conduisent chaque jour vers différentes destinations. Un agent de la gare explique qu’il est compliqué pour les réfugiés de se rendre en France car il n’y a pas de trajets directs, ce qui les oblige à transiter par plusieurs gares. Selon l’agent, il faudrait mettre des bus en place pour que ces personnes puissent être accompagnés d’un pont A à un point B, en toute sécurité. Les trajets sont gratuits. Au deuxième étage de la gare, il existe un endroit exclusivement réservé pour les femmes avec des enfants. Ici, était présente une jeune femme avec un nouveau-né, n’arrivant pas à rejoindre son mari qui se trouve au Canada car son enfant n’a pas de passeport ukrainien. À l’extérieur, un grand centre de restauration, des points de distribution de vêtements et autres produits de première nécessité ont été mis-en-place. Un jeune volontaire espagnol explique avoir créé une plateforme réunissant des volontaires d’Europe et permettant aux étudiants Erasmus en Pologne originaires des pays où se rendent les Ukrainiens de s’engager et orienter les réfugiés. Selon lui, la première question posée par les réfugiés : « est-possible de travailler dans le pays de destination ? ». Si les volontaires répondent par la négative ou émettent un doute, beaucoup de réfugiés demandent à changer de destination. Les bénévoles présents sur place sont pour la plupart jeunes, de diverses nationalités et n’appartiennent pas toujours à des associations – ils sont venus plutôt à titre privé, à leur compte.
Visite du centre d’expositions PTAK
Le centre d’expositions PTAK, converti récemment en centre humanitaire, est le plus grand point d’assistance d’Europe pour les réfugiés d’Ukraine. Celui-ci peut accueillir jusqu’à 20 000 personnes à la fois, 50 000 ont été accueillies depuis le début de l’opération et 7 000 sont actuellement sur place. Ce centre se présente plus comme un « hub » – une étape dans le parcours des réfugiés de deux ou trois jours au maximum et fonctionne avec le soutien d’entités publiques et privées. À l’entrée du hall D, un centre de vaccination et des services de l’immigration sont prévus. Des comptoirs sont installés, par pays de destination. Les réfugiés peuvent s’inscrire et obtenir ainsi un ticket de bus. À l’entrée des dortoirs, un système de check-in / check-out a été mis-en-place, afin de répondre aux besoins essentiels pour ceux qui doivent y passer la nuit. Pour rentrer dans le PTAK et dans ce dortoir, il faut obligatoirement un document avec numéro identité. Les bus partent ensuite de la « station Europe », créée juste devant le hall. Il y aurait peu de départs vers la France selon les volontaires de TEAM4UA. Néanmoins, l’entreprise française Man Truck & Bus France a organisé une collecte pour des convois humanitaires – cinq bus ont été mis à disposition. Le premier est parti le jour de la visite en direction de Tours.
L’accueil en Pologne est globalement à la hauteur et la présence des jeunes volontaires, mobilisés et venus à leurs frais est très importante. La sénatrice apporte toute sa solidarité aux réfugiés Ukrainiens et tient à saluer la forte mobilisation de tous les acteurs engagés.