Défenses des amendements d’Esther Benbassa lors de l’examen du PLF 2020 « Asile, Immigration et Intégration »

Défense d’amendement : « affréter un bateau pour sauver les migrants naufragés »

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mes cherEs collègues,

2260.

Selon l’ONU, il s’agit là du nombre de personnes migrantes qui se sont noyées en mer en 2018. Année après année, la Méditerranée se transforme en cimetière.

Vous rendez-vous compte : Les exilés se voient arrachés à leur terre natale par les affres de la vie, par les guerres, les instabilités politiques. Ils n’aspirent qu’à une chose : trouver la paix en Europe, en attendant de pouvoir retrouver leur pays d’origine, une fois que l’Afrique et le Moyen-Orient auront été pacifiés.

Du fait de notre inaction coupable, nombre d’entre eux n’atteignent jamais les côtes européennes. Il est temps que cela cesse, que nous portions assistance à ces femmes, ces enfants naufragés, dont le salut ne tient pour l’heure qu’à l’étanchéité d’une embarcation de fortune.

Au même titre que le navire Ocean Viking de l’ONG SOS Méditerranée, venu remplacer l’Aquarius, la France doit pouvoir affréter un bateau pour venir en aide aux exilés se trouvant en détresse dans la Méditerranée.

C’est l’objet du présent amendement qui demande l’octroi de  5 millions d’euros à cet effet.

Les mécanismes européens d’aide aux naufragés ne sont pas suffisamment effectifs et la France se doit d’être à la pointe de la solidarité à l’endroit des migrants.

Je vous remercie

Défense d’amendement : « Création d’un fonds de soutien à l’accompagnement des troubles psychotraumatiques »

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mes cher.e.s collègues,

Plusieurs associations et praticiens du droit des migrants que nous avons auditionnés ont porté à notre attention de nombreux cas de migrants atteints de troubles psychotraumatiques.

L’indifférence du gouvernement sur ce grave enjeu de santé publique nous interroge.

La souffrance psychique des migrants est directement provoquée par les violences que subissent ces personnes tant dans leurs pays d’origine que lors de leur traversée vers l’Europe.

Ces multiples troubles, parmi lesquelles figure le syndrome de stress post-traumatique, compliquent également le travail des agents de l’OFPRA censés examiner la véracité des récits et témoignages. Les demandeurs d’asile qui en sont atteints souffrent d’amnésie traumatique et ne peuvent relater aisément et avec précision les persécutions subies.

Ces pathologies mentales peuvent être plus graves encore. Sans suivi médical, les individus peuvent pâtir à long terme de maladies psychiatriques de plus grande ampleur, comme la schizophrénie.

Parce que le suivi psychotraumatique est inexistant et occulté par les politiques publiques, nous proposons la création d’un fonds d’un million d’euros, destiné à la prise en charge des pathologies dont souffrent ces personnes brisées par l’exil.

Mes chers collègues, il est de notre devoir de mettre en place, au sein de notre politique d’accueil et d’intégration, une offre plus ample de soins en santé mentale, afin de redonner confiance et dignité à ceux qui sont atteints de syndromes psycho-traumatiques.

Je vous remercie.

Défense d’amendement : « Création d’un fonds de soutien au bon fonctionnement de l’OFPRA»

 

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mes cher.e.s collègues,

Nous nous réjouissons de constater que le budget de l’OFPRA sera augmenté cette année de près de 20 millions d’euros.

Il s’agissait là d’une demande du groupe CRCE que nous avions formulé l’an passé et que l’exécutif avait rejeté par calculs politiques.

Nous ne pouvons que constater que ce qui était valable hier n’est plus suffisant aujourd’hui. Dans un contexte marqué par une demande d’asile soutenue et par une immigration en progression, les moyens budgétaires prévus par l’exécutif pour 2020 sont tout simplement insuffisants.

Partant de prévisions erronées concernant le nombre de demandes d’asile que devra traiter l’OFPRA, l’exécutif a déterminé le montant des crédits en retenant l’hypothèse d’une stabilisation de la demande d’asile en 2020. Ce calcul inexact entraîne un risque de sous-budgétisation de la mission et oserais-je le dire, une insincérité budgétaire.

Cette hypothèse est jugée irréaliste par l’ensemble des associations et organismes compétents, estimant que l’OFPRA risque l’engorgement du fait d’un nombre croissant de requérants dans les années à venir.

Ainsi, nous jugeons nécessaire d’accroître encore davantage le budget de l’OFPRA à hauteur de 5 millions d’euros. Cette augmentation aura pour objectif d’assurer la formation et le recrutement de davantage de personnel qualifié, ainsi qu’à revaloriser l’allocation pour  demandeurs  d’asile  (ADA).

Je vous remercie.

Défense d’amendement :

« Création de 2000 places supplémentaires en centre d’hébergement d’urgence »

Monsieur le Président,

Monsieur le Ministre,

Mes cherEs collègues,

Comme depuis 2015, le Gouvernement souhaite minimiser le nombre d’exilés qui arriveront sur notre territoire national dans l’année à venir. En effet, l’exécutif justifie la sous-budgétisation et l’insincérité des moyens de la Mission « Asile, Immigration et Intégration » par une prévision erronée de stagnation du nombre de demandeurs d’asile en 2020.

Mes cherEs collègues, je sais que vous êtes d’accord avec moi sur cette question et c’est d’ailleurs pour cette raison que la Commission des Lois a refusé de voter les crédits de ce budget : la crise de l’accueil que nous connaissons n’est pas prête de s’arrêter. Les flux migratoires vont continuer et nous ne sommes absolument pas préparés à les recevoir.

Ainsi, la réponse du Gouvernement, qui ne souhaite pas créer de nouvelles places en centre d’accueil, est totalement déconnectée du réel et en inadéquation totale avec les constatations de terrain que font les associations et les professionnels du droit des migrants.

Nous ne pouvons pas accepter le développement de nouveaux camps de fortune dans nos rues. Les bidonvilles qui ont proliféré à Calais, à la Porte de la Chapelle et la Porte d’Aubervilliers sont des hontes humanitaires pour l’Etat français.

En refusant de donner davantage de moyens aux centres d’accueil, le Gouvernement se fait complice de la souffrance de ces 2000 exilés sans domicile qui errent dans les rues de la capitale.

Ainsi, afin de corriger cette carence, le présent amendement prévoit l’octroi de 20 millions d’euros, destinés à la création de 2000 nouvelles places dans les centres d’hébergement d’urgence.

Je vous remercie.