« Deux récentes propositions de loi visant à criminaliser la GPA ont suscité de violents débats à l’Assemblée nationale. Personne n’a osé défendre le droit des femmes à disposer de leur corps, y compris, le cas échéant, contre rémunération.
Un article de Génération Libre
By: tiffany terry – CC BY 2.0
Mon corps m’appartient » : ce beau slogan féministe, que notre ministre de la Santé s’était même tatoué sur le bras lors de la célébration des quarante ans de la loi sur l’IVG, ne semble pas du goût de tout le monde. Deux récentes propositions de loi visant à criminaliser la GPA (gestation pour autrui) et à inscrire dans la Constitution le principe d’indisponibilité du corps humain ont suscité la semaine dernière de violents débats à l’Assemblée nationale.
Les prohibitionnistes de tout bord ont brandi le concept repoussoir de « marchandisation », sans daigner comprendre que le marché est seulement le reflet des choix individuels, et invoqué la « dignité » de la nature humaine, qu’apparemment les citoyens sont incapables de définir pour eux-mêmes. Au-delà des oppositions de façade qui ont abouti au rejet du texte, personne n’a osé défendre le droit des femmes à disposer de leur corps, y compris, le cas échéant, contre rémunération.
Rétrécissement du débat public
Au sein du think tank que je dirige, nous avons entrepris de travailler sérieusement sur la question dela GPA, et nous aurons bientôt l’occasion de nous prononcer sur l’opportunité ou non de sa légalisation. En attendant, je ne peux que constater l’extraordinaire rétrécissement du débat public. Il y a encore quelques années, un groupe d’étude sénatorial bipartisan avait conclu à la nécessité d’autoriser cette pratique qui ne nuit à personne, tout en l’encadrant pour éviter les dérives.
Aujourd’hui, alors que 19 des 28 pays de l’Union européenne pratiquent la GPA et que les progrès vertigineux des biotechnologies promettent des débats éthiques autrement plus épineux, aucun parlementaire français, à l’exception notable de la sénatrice EELV Esther Benbassa, n’ose défendre une approche tant soit peu pragmatique. Les représentants de la nation s’interdisent toute réflexion apaisée et rationnelle
Pis encore, ils voudraient l’interdire… aux citoyens. C’était l’alinéa le plus révoltant de la proposition de loi portée par Valérie Boyer : « La provocation, même non suivie d’effet, à l’une des infractions prévues au présent article, ou le fait de présenter l’une de ces infractions sous un jour favorable est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 100.000 euros d’amende. » Vous avez bien lu : présenter la GPA sous un jour favorable, autrement dit, diffuser un film sur les expériences réussies ou simplement participer au débat scientifique et intellectuel de notre temps, aurait pu vous envoyer cinq ans derrière les barreaux. […] »
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