Déchéance: Valls tonne contre le Sénat (Le figaro, 16 mars 2016)

« Le premier ministre a déploré, mercredi, que la Haute Assemblée prenne «le contre-pied du consensus» avec la réécriture de l’article 2 de la révision constitutionnelle. Les ténors Républicains et centristes ont répliqué.

Manuel Valls a sorti, mercredi au Sénat, l’artillerie lourde pour dire tout le mal qu’il pense de la réécriture de l’article 2 de la révision constitutionnelle, portant sur la déchéance de nationalité appliquée aux binationaux condamnés pour terrorisme. «À l’Assemblée nationale, nous avons cherché et construit un accord. Au Sénat, vous ne l’avez pas cherché, avec personne! Et je m’en étonne. Vous refusez ainsi le principe d’un accord avec l’Assemblée nationale. Et vous le savez, votre proposition ne sera jamais adoptée par une majorité de députés», a accusé le premier ministre. Il a poursuivi: «L’amendement adopté par votre commission des lois prend le contre-pied du consensus. Je ne vois pas là de respect de la parole du président de la République.» Manuel Valls, qui s’était efforcé de calmer la fronde montante au sein du groupe socialiste de l’Assemblée en proposant in fine que la déchéance de nationalité puisse être prononcée contre les terroristes mono comme binationaux, a reconnu devant les sénateurs que la nouvelle rédaction de l’article 2 avait été le fruit d’un consensus «difficile, parfois douloureux, dans ma propre famille politique». Mais en prenant la majorité sénatoriale à rebrousse-poil, le chef du gouvernement sait qu’il prend le risque de faire échouer l’ensemble de la réforme, puisqu’un accord sur la version sénatoriale de l’article 2 est de son point de vue impossible. […]

Didier Guillaume est aussi inquiet de la fronde interne à son groupe, puisque 34 sénateurs PS (sur 109), dont Bariza Khiari (Paris), qui est loin d’être une frondeuse, ont cosigné un amendement de suppression de l’article 2. En séance, Éliane Assassi et Pierre Laurent (PCF), Esther Benbassa (Verts) ont à nouveau exprimé leur opposition à cette révision constitutionnelle. Le patron des radicaux de gauche, Jacques Mézard, a aussi jugé ce projet «inutile et délétère». »

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