Débat sur la politique de l’immigration.
Intervention en séance : https://youtu.be/dMCj_0ai-Cg
Intégralité du texte prononcé :
Monsieur le Président,
Madame, Monsieur les Ministres,
Mes cher⸱e⸱s Collègues,
Coincés entre une extrême droite obnubilée par le grand remplacement et une droite en crise, M. le ministre de l’Intérieur et ses amis sont prêts à occulter les vrais problèmes du pays, à flatter les bas instincts, à encourager le rejet et la suspicion.
Notre ministre s’enorgueillit d’accorder deux fois moins l’asile aux exilés que l’Allemagne et nous promet que tout rejet d’asile vaudra obligation de quitter le territoire, avant même que la Cour nationale de droit d’asile se soit prononcée sur les recours des personnes déboutées. Encore plus d’OQTF. Et combien d’entre elles seront-elles exécutées ? Vous savez que vous n’aurez jamais les moyens de vos ambitions.
Cette loi est la 30e depuis 1980. Les gouvernements se succèdent, la rengaine ne change pas ! L’immigration coûterait « un pognon de dingue », et les exilés traverseraient les mers au péril de leur vie que pour bénéficier de tous les avantages sociaux, telle l’aide médicale de l’État. L’idée est d’ailleurs partagée par la droite de cet hémicycle, qui a déjà exprimé le souhait, dans un bel esprit d’humanité, de réduire de 350 millions le budget de l’AME dans le PLF 2023.
L’étranger à la peau sombre est un profiteur et un futur délinquant, responsable de tous les maux de la France. Même sous un pont, sous une tente d’infortune. Même privé d’une couverture pour passer l’hiver. Face à lui, le bon réfugié, l’Ukrainien par exemple, est reçu dignement, parce que blanc et chrétien. On aura désormais le migrant économiquement utile à qui on délivrera cyniquement un titre de séjour temporaire « métier en tension », pour le lui retirer une fois la « tension » passée. Votre politique d’accueil n’est que sinistre replâtrage, visant juste à rendre acceptables ces milliers d’immigrés destinés à régler notre crise du recrutement.
L’État abandonne à leur sort les étrangers sur son territoire. Les mineurs isolés ne bénéficient ni de suivi médical ni d’une scolarisation. La situation des CRA est catastrophique, comme la Contrôleure des lieux de privation de liberté l’a dénoncé.
La France terre d’accueil ? Un mythe désormais.
Monsieur le Ministre, avec cette politique, dans dix ans, y aura-t-il encore une place, dans ce pays, pour des Dupont-Moretti, des Ciotti, et même pour des Darmanin ? J’en doute. Quel dommage n’est-ce pas ?
SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI