Crise sociale et réponse policière disproportionnée à Mayotte: question écrite au Ministre de l’intérieur (10/11/2011)

Question écrite n° 20798 de Mme Esther Benbassa (Val-de-Marne – SOC-EELVr-R)
publiée dans le JO Sénat du 10/11/2011 – page 2842

Mme Esther Benbassa attire l’attention de M. le ministre de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration sur la situation extrêmement difficile dont sont victimes les Mahorais. En effet, depuis plusieurs semaines, Mayotte, nouveau département français, est en proie à une crise sans précédent. À défaut du contrôle des prix, et surtout en raison des marges exorbitantes opérées par la grande distribution, qui n’est confrontée à aucune concurrence, les consommateurs sont victimes d’une hausse exponentielle des prix des produits de première nécessité (viande, dont les ailes de poulet, riz, etc.). Cette crise frappe un territoire déjà durement touché par le chômage, qui atteint près de 18 % sur le département et jusqu’à 30 % pour la population âgée de moins de 25 ans. Face au mécontentement légitime des Mahorais et des acteurs sociaux, le Gouvernement n’a su apporter qu’une solution timorée et inadaptée à l’ampleur de la situation, en se contentant de nommer un médiateur. Cette option est évidemment insatisfaisante. Tous réclament, à juste titre, que de réelles négociations soient engagées, afin de permettre l’aboutissement rapide de solutions concrètes, et non que le Gouvernement se contente de multiplier les rapports inutiles. Les mouvements de contestation, qui sont nés de cette situation bloquée, sont réfrénés de façon disproportionnée par les forces de l’ordre, les manifestants pâtissant de mesures répressives injustifiées. Nous avons, ainsi, pu apprendre qu’un manifestant pacifique était décédé durant ces évènements, et qu’une petite fille avait été gravement blessée à l’œil, ce qui avait entraîné un handicap irréversible. La situation exige davantage de modération dans l’intervention de la police, qui a pour mission de protéger la population, et non de brimer et restreindre la liberté de réunion et de manifestation. Il est inadmissible de constater une telle réaction disproportionnée envers un mouvement légitime qui s’insurge contre la vie chère. Enfin, elle lui précise qu’elle a fait partie de la délégation de parlementaires reçus au ministère de l’outre-mer le 24 octobre 2011, venus, par solidarité, protester contre la répression que subissent les manifestants à Mayotte. Dès lors, elle lui demande quelles mesures il entend mettre en œuvre pour que toute la transparence puisse être faite sur ces excès sécuritaires dont ont été victimes plusieurs manifestants. Elle souhaite également qu’il lui indique quand des solutions concrètes et effectives pourront enfin être apportées aux Mahorais, afin de mettre un terme à la cherté de la vie qui déstabilise l’ensemble du département et déçoit les habitants qui attendaient que la départementalisation améliore leur condition.

En attente de réponse du Ministère de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités territoriales et de l’immigration