Contrôles d’identité, respect et récépissé : les réticences de Manuel Valls (l’est éclair, 26.06.2012)

Des propos du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, ont laissé penser hier aux syndicats de policiers que le projet gouvernemental de remettre un reçu pour éviter les contrôles au faciès à répétition était abandonné, ce que Matignon a contesté.
Les policiers doivent se garder de tutoyer les citoyens ou de multiplier les contrôles abusifs, a rappelé hier M. Valls, face à la nouvelle promotion de commissaires. Le ministre a affiché sa fermeté, appelant « à proscrire les contrôles abusivement répétés ou réalisés sans discernement ».
Bannie également, « toute forme de familiarité et de tutoiement qui dégradent la relation entre les forces de l’ordre et les citoyens ». Mais il a rappelé que les contrôles d’identité étaient « indispensables ». Et sur le récépissé, il n’a pas caché son scepticisme : « Je ne veux pas imposer un dispositif qui, très vite, tournerait au ridicule et serait inopérant ». « Je ne vois pas, à ce stade, comment ça marche », a-t-il reconnu répondant à des questions sur ce point.
Rapidement, les syndicats de policiers n’ont pas caché leur satisfaction de voir le récépissé « enterré ». Mais l’entourage du Premier ministre a assuré que le projet du gouvernement d’éviter les contrôles policiers à répétition « est toujours d’actualité ». « Nous travaillons dessus et la concertation continue », a-t-on ajouté à Matignon. Les syndicats de policiers « déforment un peu les déclarations de M. Valls, qui n’a pas du tout dit que ce projet était enterré », a poursuivi l’entourage du Premier ministre.
Le 1er juin, Jean-Marc Ayrault avait annoncé qu’une mesure était « en préparation » pour créer un « reçu » destiné à éviter les contrôles au faciès à répétition. Ce projet était sensé répondre au 30e des « 60 engagements pour la France » de François Hollande qui entendait lutter notamment « contre le délit de faciès dans les contrôles d’identité ». Face à la fronde naissante des policiers, M. Valls s’était limité à indiquer que ce récépissé était une « piste » de sa réflexion. Réticente à ce projet, Esther Benbassa, sénatrice EELV, auteur d’une proposition de loi sur la lutte contre le contrôle au faciès, a été reçue récemment au cabinet de M. Valls.