Des propos du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, ont laissé penser hier aux syndicats de policiers que le projet gouvernemental de remettre un reçu pour éviter les contrôles au faciès à répétition était abandonné, ce que Matignon a contesté.
Les policiers doivent se garder de tutoyer les citoyens ou de multiplier les contrôles abusifs, a rappelé hier M. Valls, face à la nouvelle promotion de commissaires. Le ministre a affiché sa fermeté, appelant « à proscrire les contrôles abusivement répétés ou réalisés sans discernement ».
Bannie également, « toute forme de familiarité et de tutoiement qui dégradent la relation entre les forces de l’ordre et les citoyens ». Mais il a rappelé que les contrôles d’identité étaient « indispensables ». Et sur le récépissé, il n’a pas caché son scepticisme : « Je ne veux pas imposer un dispositif qui, très vite, tournerait au ridicule et serait inopérant ». « Je ne vois pas, à ce stade, comment ça marche », a-t-il reconnu répondant à des questions sur ce point.
Rapidement, les syndicats de policiers n’ont pas caché leur satisfaction de voir le récépissé « enterré ». Mais l’entourage du Premier ministre a assuré que le projet du gouvernement d’éviter les contrôles policiers à répétition « est toujours d’actualité ». « Nous travaillons dessus et la concertation continue », a-t-on ajouté à Matignon. Les syndicats de policiers « déforment un peu les déclarations de M. Valls, qui n’a pas du tout dit que ce projet était enterré », a poursuivi l’entourage du Premier ministre.
Le 1er juin, Jean-Marc Ayrault avait annoncé qu’une mesure était « en préparation » pour créer un « reçu » destiné à éviter les contrôles au faciès à répétition. Ce projet était sensé répondre au 30e des « 60 engagements pour la France » de François Hollande qui entendait lutter notamment « contre le délit de faciès dans les contrôles d’identité ». Face à la fronde naissante des policiers, M. Valls s’était limité à indiquer que ce récépissé était une « piste » de sa réflexion. Réticente à ce projet, Esther Benbassa, sénatrice EELV, auteur d’une proposition de loi sur la lutte contre le contrôle au faciès, a été reçue récemment au cabinet de M. Valls.
Esther Benbassa
Sénatrice de Paris
Esther Benbassa
Sénatrice de Paris