Congrès du 9 juillet : des élus de tout bord vont boycotter le discours de Macron (Le Figaro, 04 juillet 2018)

Congrès du 9 juillet : des élus de tout bord vont boycotter le discours de Macron

LE SCAN POLITIQUE – A droite comme à gauche, plusieurs élus d’opposition ont expliqué qu’ils ne voyaient pas l’intérêt d’écouter le discours d’Emmanuel Macron s’ils ne pouvaient avoir de droit de réponse.

Il ne faudra pas compter sur eux. Conviés pour le discours d’Emmanuel Macron devant le Congrès (qui rassemble les deux chambres du Parlement: Assemblée nationale et Sénat) le 9 juillet à Versailles, plusieurs élus ont d’ores et déjà décliné l’invitation. Un «boycott» qui dépasse les clivages. À gauche comme à droite, les futurs absents expliquent ne pas vouloir participer à un «nouveau coup de com’» d’Emmanuel Macron, ni écouter son discours sans avoir le droit de l’interpeller.

La France insoumise aux abonnés absents

Comme l’année dernière, les députés de la France insoumise ne se déplaceront pas à Versailles. «Le monarque Emmanuel Macron recevra de nouveau les représentants du peuple à Versailles. Ils auront le droit d’écouter sa majesté et de lui répondre une fois qu’il sera parti. Ce nouveau monde a tout de l’ancien régime et rien de la République. Ce sera sans nous», a fustigé mardi sur Twitter le député LFI Éric Coquerel, quelques minutes après la décision de son groupe de s’abstenir. Depuis la révision constitutionnelle de 2008, la déclaration du Président devant le Congrès peut en effet «donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait pas l’objet d’un vote». «Pourquoi écouterions-nous un discours auquel nous ne pouvons pas répondre?», a interrogé le député LFI Adrien Quatennens mercredi sur Europe 1. «Vous avez un président de la République qui convoque le Parlement, qui va parler, et qui ensuite s’en ira et à qui nous ne pourrons pas répondre», a déploré l’élu LFI du Nord.

Déjà absente l’année dernière, la sénatrice écologiste Esther Benbassa a annoncé sur Twitter qu’elle ne se rendrait pas non plus au Congrès lundi prochain. «Je ne réponds pas aux convocations d’un prince n’ayant pour ambition que d’humilier le Parlement», a-t-elle expliqué, en référence au projet de réforme constitutionnelle. L’opposition voit dans le texte du gouvernement un affaiblissement du rôle du Parlement par rapport à l’exécutif. La sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienneman devrait emboîter le pas à l’écologiste.

Comme l’année dernière également, le député Nouvelle Gauche, Régis Juanico – qui a dernièrement rejoint le mouvement Génération.s de Benoît Hamon – a indiqué qu’il ne ferait pas, lui non plus, «partie de l’auditoire». «On ne convoque pas le Congrès par convenance personnelle pour en faire un rituel par ailleurs fort coûteux pour les finances publiques», a-t-il estimé.

Absents l’année dernière, les communistes ont cette fois-ci annoncé leur présence. Deux heures avant le discours du chef de l’État, ils se rassembleront cependant devant la Salle du Jeu de paume – lieu symbolique de la Révolution française – pour prêter «le serment de défendre une République démocratique», et ainsi faire part de leur opposition à Emmanuel Macron.

Quelques députés LR n’iront pas

Même si ce n’est pas la majorité à droite, plusieurs élus des Républicains ne devraient pas non plus siéger à Versailles lundi. «C’est juste de la communication politique à 500.000 euros, par respect je n’irai pas», a affirmé Fabien Di Filippo mercredi matin sur Sud Radio. Les deux députés LR, Pierre Cordier et Julien Dive, qui avaient déjà boudé le Congrès l’année dernière, ont également expliqué dans un communiqué de presse qu’ils renouvelleraient leur absence. «Nous estimons que ces réunions doivent être réservées à des situations exceptionnelles, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui», ont-ils indiqué, prétextant eux aussi le coût important d’un tel événement.

Julien Aubert, député LR et secrétaire général adjoint du parti, a également expliqué au Figaro qu’il ne faudrait pas compter sur lui lundi. «Macron fait du [Congrès] une clause de rendez-vous qui tourne à l’absence de dialogues», a-t-il regretté.