Conférence de presse le 6 novembre 2013 à 15h au Palais du Luxembourg : La pénalisation des clients des prostituées est une mesure moralisatrice et non une avancée féministe – de la part d’Esther Benbassa

Esther Benbassa, sénatrice écologiste du Val-de-Marne,

Auteure de la proposition de loi visant à l’abrogation du délit de racolage public adoptée par le Sénat le 28 mars 2013

a le plaisir de vous inviter à débattre des enjeux de la proposition de loi socialiste renforçant la lutte contre le système prostitutionnel requérant la pénalisation des personnes ayant recours à la prostitution avec :

 

France Arnould, directrice de l’association « les Amis du Bus des femmes »

Jean-François Corty, directeur des missions France Médecins du Monde

Françoise Gil, sociologue

Sarah-Marie Maffesoli, juriste au STRASS (Syndicat du Travail sexuel)

Gabrielle Partenza, présidente de l’association Avec nos Aînées

Yannick Ripa, Professeure en histoire des femmes et du genre à l’Université Paris 8

Thierry Schaffauser, militant EELV et travailleur du sexe

Avec des témoignages de personnes prostituées

 Vous êtes invité(e)s le 6 novembre à 15 heures

au Palais du Luxembourg, en salle René Coty, 15, rue de Vaugirard, Paris VIème

Inscription obligatoire à e.benbassa@senat.fr

 

La pénalisation des clients des prostituées est une mesure moralisatrice et non une avancée féministe.

La proposition de loi déposée par la socialiste Maud Olivier et plusieurs de ses collègues renforçant la lutte contre le système prostitutionnel propose d’instaurer une interdiction d’achat d’acte sexuel en créant une contravention sanctionnant le recours à la prostitution.

Auteure d’une proposition de loi, votée par le Sénat le 28 mars 2013, visant à abroger le délit de racolage public, Esther Benbassa s’inquiète de la possible adoption de cette mesure.

En effet, il semble à la sénatrice que les raisons de santé publique et de sécurité qui plaident en faveur de l’abrogation immédiate du délit de racolage public plaident également contre la pénalisation des clients.

Tant les associations de terrain que la sénatrice elle-même qui a mené de nombreuses auditions ont constaté que c’est la prohibition du racolage qui a poussé les personnes prostituées à exercer dans des conditions dangereuses à la fois pour leur santé et pour leur sécurité.

Esther Benbassa estime donc que le fait de faire peser la prohibition sur les clients des personnes prostituées produirait exactement les mêmes effets et n’endiguerait, en aucun cas, les risques sanitaires que courent les personnes prostituées dans notre pays.

Une lutte sans faille doit être menée contre le proxénétisme et toutes les formes de traite des êtres humains, lutte qui ne doit pas être éclipsée par un débat à la fois daté, pudibond et moralisateur.

La sénatrice souhaite que soient adoptées des dispositions en matière de santé, de formation professionnelle pour celles et ceux qui souhaiteraient se réorienter, de sécurité ou encore de retraite. Il s’agit, en effet, de pallier la précarité dans laquelle se trouvent certaines d’entre elles et notamment les personnes prostituées étrangères.

Elle souhaite apporter tout son soutien aux personnes prostituées qui se voient chaque jour un peu plus mises en danger et stigmatisées ainsi qu’aux associations qui les soutiennent au quotidien.

Moraliser, materner les personnes prostituées au nom de notre bonne conscience ne les aidera en rien. Souvenons-nous que certaines d’entre elles sont des femmes libres de disposer de leur corps.

Avant d’abolir la prostitution, abolissons la misère.  Là réside la véritable vertu et non dans la morale décrétée au nom d’un féminisme qui dissout les problèmes sociaux-économiques dans une idéologie non partagée par les personnes prostituées elles-mêmes.

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