Communiqué de Presse, 12 novembre 2015
La politique du pire pour désengorger Calais.
La visite d’Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, au Centre de rétention de Paris-Vincennes, le 10 novembre 2015
La « jungle » de Calais, née d’une gestion calamiteuse de la crise migratoire en cours, est devenue un véritable problème, d’abord pour les riverains, ensuite, en termes d’image, pour le pouvoir, qui, en cette veille d’élections régionales, a décidé de recourir à des mesures pour le moins contestables dans l’Etat de droit que la France est censée être.
Si certains migrants sont effectivement dirigés vers des centres d’hébergement, ce qui est louable, d’autres, depuis le 21 octobre, sont massivement transférés dans des Centres de rétention administrative (CRA), où ne doivent en principe se retrouver que des étrangers en situation irrégulière, en attente d’expulsion.
Les notifications d’obligation de quitter le territoire français (OQTF) qui sont délivrées à ces réfugiés transférés, et qui permettent de les placer en CRA, stipulent explicitement qu’ils ne peuvent pas être expulsés lorsqu’ils sont originaires de Syrie, Iraq ou Erythrée. Ubuesque.
Le Centre de rétention de Paris-Vincennes est un de ces lieux d’enfermement où arrivent de Calais ces réfugiés non expulsables. Auxquels il faut ajouter désormais des réfugiés arrêtés dans les gares parisiennes, avant qu’ils n’aient le temps de rejoindre le Nord.
Entre le 29 octobre et le 3 novembre, il y a eu trois arrivages, pour un total d’environ une centaine de personnes. Ces réfugiés sont soumis à un turnover : on les libère assez vite par paquets de trente, pour les remplacer aussitôt par d’autres. Un jeu de dominos qui ajoute à la déstabilisation de personnes exténuées et désespérées.
Aucun des « retenus » ne souhaite rester en France. D’autres convois sont attendus pour les 15, 21 et 26 novembre. Cette politique contrevient aux dispositions du CÉSÉDA (Code de l’Entrée et du Séjour des Étrangers et du Droit d’Asile). Elle bafoue les droits humains les plus élémentaires.
Sept réfugiés du CRA de Paris-Vincennes ont entamé une grève de la faim mardi 10 novembre, et leur nombre ne fait qu’augmenter.
Après avoir vu de ses propres yeux ce qui se passait là, Esther Benbassa a décidé de témoigner. Nul ne pourra dire : on n’a rien vu, on ne savait pas. Et cet après-midi, un peu avant 15h30, au Sénat, à la séance des questions au gouvernement, elle interpellera le ministre de l’Intérieur pour lui demander de mettre un terme sans délai à de telles pratiques.