par BERNARD GORCE, ANNE-BENEDICTE HOFFNER et DENIS PEIRON,*
« Suite aux attentats qui ont ensanglanté Paris début janvier, la question de savoir comment pouvait être mieux enseigné le « fait religieux » a été reposée. […]
À qui doit-on confier cet enseignement ?
Conçu de manière transversale, l’enseignement du fait religieux est dispensé par les professeurs des écoles dans le primaire à partir du CE2, puis, dans le secondaire, par les professeurs d’histoire-géographie (naissance des religions, rôle de l’Église au Moyen Âge, etc.), de français (lecture d’extraits de la Bible et autres textes sacrés), d’arts plastiques ou encore de philosophie (possibilité d’étudier des textes de Saint-Augustin, Averroès ou Saint Thomas d’Aquin).
Mais alors que la philosophie, avec notamment la question des relations entre foi et raison, devrait être « en première ligne », on constate plutôt « une retenue prudente voire une hostilité de beaucoup de professeurs » de cette discipline, note le chercheur de l’Institut européen des sciences des religions (IESR), Philippe Gaudin.
Beaucoup d’enseignants avouent surtout manquer de culture religieuse et s’estiment mal outillés pour transmettre un savoir sur ces questions. Aussi le gouvernement a-t-il annoncé qu’un module spécifique, serait intégré à la formation initiale dans toutes les écoles supérieures du professorat et de l’éducation.
Des initiatives existent également pour épauler les enseignants dans les classes. L’association Enquête anime des ateliers et développe des outils de découverte du fait religieux, essentiellement par le jeu, à destination des 7-11 ans. « Il faut entre 15 et 25 heures pour transmettre les bases », assure Marine Quenin, sa déléguée générale.
De l’avis d’Édith Tartar-Goddet, présidente de l’Association protestante pour l’éducation et l’enseignement, qui réunit des enseignants et des parents venus majoritairement de l’école publique, on pourrait – comme cela se fait parfois dans l’enseignement privé – recevoir exceptionnellement des représentants des différentes religions et courants de pensée, « y compris athées ».
« Ce serait une grave erreur », conteste Esther Benbassa, susceptible d’hypothéquer selon elle tout enseignement du fait religieux.
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LES ÉTAPES D’UNE OUVERTURE DE L’ÉCOLE
1991. Le rapport du recteur Philippe Joutard souligne les retards de l’éducation nationale concernant l’histoire des religions.
2001. Après les attentats du 11 septembre, le ministre Jack Lang confie à Régis Debray une mission. En février 2002, le philosophe remet un rapport qui plaide pour le développement de l’enseignement du fait religieux.
2002. Création de l’Institut européen en sciences des religions (IESR) dont la mission est de rapprocher les démarches pédagogiques de la recherche scientifique sur le sujet.
2005. La loi Fillon institue un « socle commun » qui mentionne explicitement l’approche du « fait religieux » et des « textes fondateurs »dans « un esprit de laïcité respectueux des consciences et des convictions ».
2008. Nouveaux programmes du primaire où des éléments de culture religieuse sont développés à partir du CE2, notamment en histoire.
2015. Après les attentats de janvier 2015, la ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem demande au conseil supérieur des programmes de renforcer la place de l’enseignement du fait religieux dans les programmes. »
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