Christiane Taubira : icône ou cache-sexe ? (Libération, 27 janvier 2016)

« Plus que le départ de l’ex-garde des Sceaux, c’est le timing qui surprend. Son remplaçant, Jean-Jacques Urvoas, devrait, lui, moins afficher ses désaccords avec l’exécutif.

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Verbe haut

Bouc émissaire de la droite extrémisée autant que de l’extrême droite, Christiane Taubira a été la cible, place Vendôme, d’attaques inédites par leur violence et leur tonalité bien souvent raciste. Lyrique et combative, flamboyante même, elle avait régulièrement porté le fer, le verbe haut dans l’hémicycle comme sur Twitter, contre ses adversaires rances qui ont caricaturé quatre ans durant le supposé laxisme de sa politique pénale. Alors que d’un simple point de vue quantitatif, les prisons n’ont jamais été aussi pleines.

«Christiane Taubira partie, il n’y a donc plus de ministre de gauche au gouvernement», a taclé la députée Esther Benbassa, sénatrice Vert, en apprenant sa démission. Le constat est sévère mais pas faux. Aux postes régaliens (Bernard Cazeneuve, Jean-Yves Le Drian et désormais Jean-Jacques Urvoas), François Hollande et Manuel Valls ne comptent désormais que des fidèles grognards, parfaitement en ligne avec l’action engagée et pas du genre à faire état publiquement de leur intime conviction si celle-ci contrevient à la parole officielle. Libre dans son expression comme aucune autre ministre, hormis Ségolène Royal, Christiane Taubira finissait par être une source de cacophonie dans une équipe où elle ne semblait plus en situation de peser. Son départ n’est pas incohérent, on se demande juste ce qui l’avait poussée à rester si longtemps. »

 

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