Contrairement à leurs collègues masculins, les femmes en grève contre la réforme des retraites doivent souvent conjuguer leur engagement militant avec davantage de contraintes familiales.
GRÈVE – Dès 4h, comme presque chaque matin depuis un mois, les grévistes du dépôt de bus RATP de Pantin (Seine-Saint-Denis) étaient là. Et ce lundi 13 janvier, ils ont reçu la visite d’une délégation de femmes élues parlementaires, venues pour soutenir tout particulièrement la lutte de leurs camarades féminines contre la réforme des retraites.
“L’idée, c’est de redonner la parole aux premières victimes de cette réforme que sont les femmes, qui sont souvent invisibilisées dans le mouvement social”, a expliqué la députée européenne Manon Aubry (France Insoumise), venue en compagnie des sénatrices Esther Benbassa (EELV) et Sophie Taillé-Polian (Génération.s), ainsi que la députée Clémentine Autain (FI).
Comme vous pouvez le voir dans notre reportage vidéo en tête d’article, le quotidien des femmes au sein d’un mouvement de grève est particulièrement intense.
“Les monsieurs, quand ils ont fini le piquet, ils peuvent rentrer faire une sieste”, avance Nadia à notre micro. Cette machiniste et mère de famille ajoute : “Tandis que moi, j’ai sûrement une machine, quelques courses à faire chez Auchan, mon repas… C’est comme quand on travaille, on a double boulot”.
Présentes depuis toujours
Même si les professions mobilisées contre la réforme des retraites sont souvent majoritairement masculines, les femmes peuplent aussi largement les cortèges et les blocages depuis le début de la grève. ”Ça ne me surprend pas. (…) Je pars du principe qu’il faut que les femmes se bougent et se montrent!”, nous affirme Amina, conductrice de bus.
Cet engagement féminin ne date pas d’hier. “Il y a toujours eu des femmes dans les mouvements sociaux”, explique Mathilde Larrère, historienne spécialiste des mouvements révolutionnaires, elle aussi présente lundi au dépôt de Pantin. “Elles ont toujours été systématiquement oubliées”, ajoute-t-elle, avant d’énumérer les raisons de cette invisibilisation au micro du HuffPost.
Depuis des semaines, deux discours aux antipodes s’affrontent. D’abord, celui du gouvernement, qui assure que les femmes seront les “grandes gagnantes” de cette réforme des retraites, notamment via la revalorisation à 1000 euros du minimum de retraite (pour une carrière complète), dont 70% des bénéficiaires sont déjà des femmes.
De l’autre côté, des syndicats et associations féministes dénoncent un “saupoudrage” qui ne permettra pas de réduire la “surexploitation massive” des femmes dans le milieu du travail.