« Benchmarking » : « Un laisser-aller inadmissible » selon David Assouline (Public Sénat, 31 mai 2018)

« Benchmarking » : « Un laisser-aller inadmissible » selon David Assouline

Auditionné ce mercredi au Sénat, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a affirmé que « les migrants font du benchmarking ». « Vulgarité », « honteux » : les sénateurs réagissent.

Par Yann Quercia
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C’est la nouvelle phrase du Ministre de l’Intérieur qui fait polémique depuis son audition hier au Sénat : « Le Sénat aime beaucoup comparer les différentes législations européennes. Il n’y a pas que le Sénat qui fait du benchmarking, les migrants aussi ».

Le vice – président du Sénat, David Assouline dénonce un laisser-aller du Ministre de l’Intérieur : « C’est un laisser-aller tout à fait inadmissible. Certains utilisent des mots dont de la sémantique est de plus en plus déplacée sur des drames et des situations qui nécessitent du respect de la part de ceux qui incarnent la République. Il ne faut pas croire que nous sommes dans un cirque. Il faut envoyer un signal de profond respect de la condition humaine. Quand j’entends supermarché, submersion, benchmarking, je trouve ça vulgaire ».

Le sénateur socialiste demande au ministre et au gouvernement d’avoir des propos plus conformes à leurs fonctions et de ne pas mettre tout au même niveau : « Je ne peux pas penser que c’est de la maladresse. C’est un laisser-aller qui a pour base un lâcher d’un certain nombre d’impératifs de l’action publique. On met tout au même niveau. Je demande d’arrêter le laisser-aller et d’avoir des propos plus conformes à cette fonction. »

Le sénateur Roger Karoutchi a également réagi à cette polémique. Il reconnaît une expression malheureuse mais accuse les passeurs de comparer les pays européens pour choisir les réseaux : « On avait déjà eu avec Madame Loiseau une déclaration un peu différente quand elle disait que les migrants faisaient des choix. C’est d’ailleurs ce que dit la Commission européenne. L’expression est malheureuse car je ne pense pas que les migrants fassent du benchmarking. En revanche, les passeurs eux savent. Ils regardent les conditions d’accès en Allemagne, en France et en Italie mais aussi les nationalités les plus intégrées. À partir de là ils regardent les réseaux. Ce ne sont pas les migrants qui sont en cause mais les passeurs qui s’en servent. »

Sur Twitter, cette phrase fait également réagir les sénateurs. Rachid Temal, sénateur socialiste, a ironisé : « Quand tu passes du côté obscur de la force… ».

 

La sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie, présente durant l’audition de Gérard Collomb, était la première à réagir directement en audition : « Vous avez aimé « le shopping de l asile » de la ministre Loiseau ? Sans tarder G Collomb parle en commission des lois du Sénat du « benchmarking des migrants « selon les pays …. honteux ».