Au Sénat, on a aussi regardé le débat (Publicsenat.fr, 3 mai 2012)

par Pascale Tournier
Les sénateurs UMP soulignent la crédibilité de Nicolas Sarkozy sur le volet économique. Les élus de gauche louent la stature de François Hollande.

Chacun a fait son job et personne n’a été mis à terre. Au Sénat, les réactions au débat télévisé entre François Hollande et Nicolas Sarkozy s’avèrent mesurés. Les sénateurs UMP glorifient leur champion sans excès. Jamais ils n’ont « imaginé que François Hollande puisse être mis KO », comme l’avaient espéré certains ténors du parti présidentiel. « François Hollande est un homme solide, porteur d’une expérience nourrie par près de deux ans de campagne », constate le président de la commission des finances Philippe Marini. Certains soulignent sa fatigue pendant le duel TV. « Nicolas Sarkozy était un peu en-deçà de ses capacités » confie un sénateur.

De cette confrontation, les sénateurs UMP préfèrent retenir l’exposition de deux visions de la France différentes et donc antagonistes, notamment sur les finances publiques et la lutte contre le chômage. Sur ces registres, les élus de droite jugent leur candidat plus crédible. « Nicolas Sarkozy n’a cessé de vouloir savoir comment François Hollande allait financer ses projets. Sans succès. Lui qui était jusqu’ici le roi de l’esquive, il en est devenu l’empereur», assène Roger Karoutchi. La sénatrice UMP Fabienne Keller, qui a suivi le duel avec Gérard Larcher et Jean Arthuis à Rambouillet, a trouvé Nicolas Sarkozy « très combatif et responsable. » « Il a expliqué le sens de ce qu’il avait fait et ferait en matière de rigueur budgétaire et de compétitivité. François Hollande est resté flou. » Un sentiment partagé par Philippe Marini : « François Hollande est dans la fuite en avant et dans le déni de réalité. » Le sénateur centriste Jean Arthuis abonde dans le même sens : « Si François Hollande est élu, il verra que le réel se situe du côté de l’opposition. »

A gauche, l’enthousiasme est de mise. Les élus PS veulent croire que leur prétendant a gagné la bataille de l’image. « François Hollande a montré sa connaissance des dossiers et surtout sa stature. A ceux qui doutaient de ses capacités pour présider, il leur a montré sa densité », se félicite la sénatrice du Puy-de-Dôme Michèle André. La vice-présidente du Sénat Bariza Khiari, qui a visionné la séquence avec les militants PS algériens depuis la ville d’Annaba en Algérie, oppose la « vulgarité et l’outrance de Nicolas Sarkozy à la stature et la distance de François Hollande. » Le passage sur le droit de vote des étrangers, durant lequel Nicolas Sarkozy a pointé du doigt le risque du vote communautaire, l’a particulièrement frappée. « La salle était scandalisée et a hurlé : « arrêtez l’islamophobie d’Etat », raconte la sénatrice de Paris. Dans ce concert de louanges, la sénatrice EELV Esther Benbassa fait entendre une voix plus critique. « Les vrais problèmes des Français n’ont pas été évoqués, regrette-t-elle. Le logement, la santé et les quartiers sont passés à la trappe.» Et lorsque François Hollande a répété que l’accord PS signé avec les écologistes ne l’engageait pas, l’élue du Val-de-Marne a tiqué : « J’espère que ces déclarations ne nous réservent pas des surprises ». Rendez-vous en juin pour le découvrir.

Retrouver cet article sur Publisenat.fr