Au QG de Julien Bayou : «Malgré la défaite, il y a un goût de victoire ce soir»

A Paris, les militants de gauche sont venus soutenir le candidat EE-LV Julien Bayou, perdant du deuxième tour des élections régionales. Malgré l’échec, tous saluent l’alliance de l’élu vert avec Clémentine Autain et Audrey Pulvar.

C’est un grand classique des soirées électorales : quels que soient leurs scores, tous les partis politiques parviennent toujours à assimiler leurs résultats à des victoires. Dimanche soir, les écologistes (et leurs alliés socialistes et insoumis) d’Ile-de-France n’y ont pas fait exception. Malgré la défaite de Julien Bayou, candidat de l’union de la gauche face à la présidente sortante Valérie Pécresse, les quelques dizaines de militants venus passer la soirée au Hang’art, lieu hybride entre le bar et la galerie du XIXe arrondissement, se félicitent des résultats d’EE-LV à l’échelle nationale. Julien Bayou le premier : «Malgré ce net recul de la participation par rapport à 2015, nous notons que les écologistes ont progressé en voix et en pourcentage, passant de 8 % à 14 % dès le premier tour. Une analyse région par région nous confirme aussi l’enracinement de notre mouvement», se félicite-t-il après quelques mots sur l’abstention encore énorme ce dimanche. 

«C’est pas trop mal, ça montre que petit à petit on continue d’améliorer notre maillage» estime, de son côté, la sénatrice Esther Benbassa, masque sur le nez.

Pourtant ce soir, la gauche francilienne ne fêtera pas la victoire tant espérée. Toute la semaine, à la suite de leur accord, Julien Bayou, Audrey Pulvar et Clémentine Autain n’ont cessé de dire que leur alliance entraînerait une dynamique et qu’une victoire face à Valérie Pécresse était désormais possible. Pari perdu, la présidente sortante rempile pour six années de plus à la tête du conseil régional. «Nous avons su nous unir autour d’un projet de transformation de notre région c’est un moment politique majeur. Nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli, malheureusement ça n’a pas suffi. C’est un coup dur», reconnaît Julien Bayou dans sa prise de parole.

Sur les visages, plutôt juvéniles des militants présents au bar, ni larmes ni mine déconfite pour autant, mais des sourires. La foule chante : «Tous ensemble, tous ensemble hé !» «Malgré la défaite, il y a un goût de victoire ce soir, affirme Valentine, militante de Génération. s, très investie dans la campagne. On [les différents partis de gauche] a réussi à s’assembler, on s’est bien entendu, c’est forcément déjà une victoire.»

«C’est prometteur pour la suite !»

Quelques heures plutôt sur les bords du bassin de la Villette, les quelques militants les yeux rivés sur leurs téléphones semblaient pourtant attendre cette victoire avec beaucoup d’espérance. Dans l’attente des premières estimations, la secrétaire nationale adjointe d’EE-LV, Sandra Regol, fumait cigarette sur cigarette. Petit à petit, les résultats des autres régions tombent, Matthieu Orphelin, autre chance de victoire écologiste dans les Pays-de-la-Loire, est battu par la présidente sortante de droite Christelle Morançais. Une militante, visiblement pas au courant, lève les bras au ciel : «Super Julien Bayou est en tête dans mon bureau de vote !» se félicite-t-elle. Autour d’elle, ses camarades lâchent un petit sourire.

Attablée à une table autour de quelques bières, l’équipe prépare les prises de parole de Julien Bayou à venir. Au cours de la soirée, le candidat interviendra deux fois : d’abord en tant que patron d’EE-LV puis en tant que tête de liste de l’union de la gauche en Ile-de-France. Sur le trottoir d’en face, trois militantes insoumises de Gironde venues «prendre part» à la fête patientent. «J’espère qu’on va gagner, espère Alice. Ce serait super que l’union de la gauche qu’on a enfin réussi à faire découle sur une victoire.» Quelques minutes plus tard, le score du match Pays-Bas-République tchèque tombe. L’outsider tchèque a battu le favori hollandais. «On va faire pareil», veut croire un membre de l’équipe. Raté.

Les heures passent. Au bord du bassin de la Villette, la défaite francilienne ne semble pas gâcher les envies de faire la fête. Militants insoumis, socialistes et écologistes trinquent, tout sourire, comme pour fêter ces dernières heures d’union. «J’ai peur qu’avec la défaite, chacun reparte de son côté dès demain pour la présidentielle», regrette Alice, militante insoumise pas en phase avec la stratégie du patron du parti, Jean-Luc Mélenchon, qui rejette toute alliance. «Au contraire ! estime un proche de Julien Bayou, ce qu’on a fait cette semaine ne sera pas qu’une parenthèse ! On a su montrer que la gauche pouvait bosser ensemble, c’est prometteur pour la suite !» «La première page d’une grande aventure collective», comme l’a dit Julien Bayou au micro, avant d’être coupé par des «Tous ensemble, tous ensemble hé !».

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