Un hommage national a été rendu mardi aux victimes de l’attentat de la rue des Rosiers, dans le quartier juif de Paris il y a 40 ans, en présence pour la première fois d’un membre du gouvernement.
De son côté, Emmanuel Macron a tweeté : « Le 9 août 1982, rue des Rosiers à Paris, le restaurant Jo Goldenberg est la cible d’un attentat antisémite. 6 personnes y laissent la vie. 22 sont blessées. 40 ans après, nous n’oublions pas ».
L’explosion d’une grenade dans le restaurant Jo Goldenberg avait été suivie d’une fusillade dans le quartier juif historique du Marais.
L’attentat a depuis été attribué au Fatah-Conseil révolutionnaire (Fatah-CR) d’Abou Nidal, groupe palestinien dissident de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).
« Le cauchemar a débuté ce jour funeste et ne me quitte plus », a témoigné lors de la cérémonie Guy Ariel Benarousse, victime de l’attentat.
« Un hommage national, c’est bien et vous m’en voyez ravi. Mais il est temps que mon pays la France, et son gouvernement, prenne ses responsabilités, afin que tous ceux qui ont participé à cet odieux attentat puissent comparaître devant un juge », a-t-il affirmé.
Très émue, la sœur d’André Hezkia Niego, victime de l’attentat, a raconté la « profonde douleur » de son quotidien depuis la perte de son grand frère.
« Les mêmes questions demeurent: pourquoi cet acte antisémite? Qui sont les terroristes? Autant de questions sans réelles réponses », a regretté Jacqueline Niego.
Présent lors de l’hommage, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a reconnu que « la soif de justice qu’éprouvent les victimes n’a pas été étanchée ».
« Je sais que notre justice, en lien avec nos diplomates, est extrêmement mobilisée pour que toute la lumière soit faite sur ce lâche attentat », a précisé M. Dupond-Moretti.
« Quarante ans plus tard, un triste constat s’impose: l’antisémitisme, cette bête immonde, n’est pas morte; elle rampe, plus ou moins masquée », a-t-il affirmé.
Le ministre, ainsi que des élus, ambassadeurs et représentants des institutions juives, se sont ensuite recueillis devant la plaque commémorative de la rue des Rosiers en y déposant tour à tour des gerbes de fleurs, avant d’observer une minute de silence.
Le seul suspect aux mains de la justice française, un Palestinien naturalisé Norvégien de 63 ans, Walid Abdulrahman Abou Zayed, extradé en décembre 2020 par la Norvège, clame toujours son innocence, ses avocats dénonçant la recherche « d’un coupable à tout prix ».
Les juges antiterroristes français le soupçonnent d’être l’un des tireurs. Ils pensent avoir identifié trois autres suspects, deux localisés en Jordanie, dont le cerveau présumé de l’attentat, et un troisième en Cisjordanie, mais la Jordanie a refusé à plusieurs reprises leur extradition.
« 40 ans après ce massacre antisémite, justice n’est pas encore rendue et les responsables sont encore en liberté. N’oublions jamais les ravages de l’antisémitisme et de l’antisionisme », a tweeté le député LR Eric Ciotti.
A gauche, la sénatrice Esther Benbassa a déploré un acte « impuni à ce jour », au-dessus d’une photo en noir et blanc du célèbre restaurant après l’attentat.
Source : AFP