Sans député, quasiment sans financement public, le parti écologiste se retrouve à Dunkerque pour ses journées d’été. Premier épisode d’un grand chambardement à venir. « Il faut remettre à plat le projet, la forme parti qui est la nôtre, et notre relation au pouvoir », estime son secrétaire national, David Cormand.
Dunkerque (Nord), envoyé spécial.– C’est la punchline du dernier film de Christopher Nolan, Dunkerque : « 400 000 hommes encerclés, un miracle pour les sauver. » Ce pourrait bien être aussi le sous-titre des journées d’été d’Europe Écologie-Les Verts (EELV), qui se tiennent depuis jeudi dans la ville du Nord martyre de la Seconde Guerre mondiale. À la différence près que les écolos sont loin d’être 400 000. Les effectifs du parti ont fondu ces dernières années : ils sont un peu plus de 4 000 à jour de cotisation, et environ 500 à participer aux journées. Et le parti est bien en danger.
Financièrement d’abord : le parti n’a plus aucun député à l’Assemblée, son financement public a fondu. Un plan de licenciement de cinq salariés, sur neuf, a été lancé cet été mais est contesté. Un communiqué a été diffusé jeudi matin par l’organisation syndicale Asso-Solidaires qui exige, entre autres, le gel immédiat de la procédure de licenciement et le lancement d’un audit externe. David Cormand, secrétaire national du parti écolo, parle d’une décision « difficile » mais inévitable. « On essaye de rassembler tous les moyens possibles pour que ces licenciements se fassent au niveau matériel et au niveau humain dans les meilleures conditions possibles », lâche-t-il, sans s’appesantir alors que l’inspection du travail est saisie. Mais Cormand insiste : « La question des finances est un sujet secondaire, c’est la question politique qui doit primer sur la question des moyens. » Le problème est que la question politique n’est pas posée de la même façon par tout le monde.
Il y a d’abord la question du bilan du précédent quinquennat. EELV avait signé un accord de gouvernement avec le PS de Martine Aubry, sur lequel s’est en partie assis le président élu François Hollande. Les Verts ont ensuite fait le choix de participer tout de même au gouvernement, avant d’en claquer la porte. À l’Assemblée, le groupe a fini divisé en deux, certains quittant carrément le parti, comme François de Rugy ou Barbara Pompili.
Cécile Duflot, l’ancienne ministre du logement de François Hollande qui avait quitté le gouvernement, n’étant pas présente à ces journées, les explications ont été limitées. Mais l’eurodéputée Karima Delli, arrivée en quatrième position lors de la primaire écolo de 2016, ne cache pas son amertume : « On ne peut pas se contenter de replâtrer la maison écolo car les fissures sont trop grosses. » Elle énumère : « Nous n’avons plus d’élus, et avons eu une stratégie illisible pendant cinq ans. Il est temps de ne plus mettre la poussière sous le tapis. »
Pour Marine Tondelier, conseillère municipale d’opposition à Hénin-Beaumont, le quinquennat est un « gâchis monumental mais je ne vois pas ce qu’on aurait pu faire d’autre ». Elle ajoute : « Ça aurait été impossible de ne pas y aller [dans le gouvernement – ndlr]. Ça aurait été impossible de ne pas sortir. On n’avait pas prise sur Hollande et sur ce que les socialistes ont décidé de faire de ce quinquennat. » La sénatrice de Paris, Esther Benbassa, parle d’un « état de dépression » dû à « toutes les traîtrises, les départs ». « Au Sénat, prend-elle comme exemple, on n’a plus de groupe non plus. On est sur le banc de la honte. » « Il faut qu’on se renouvelle de l’intérieur, qu’on change peut-être notre modèle de fonctionnement », ajoute la sénatrice.
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