A Séméac, le mur anti-migrants détruit par ceux qui l’avaient bâti (« La Dépêche du Midi », 27 juillet 2017)

A Séméac, le mur anti-migrants détruit par ceux qui l’avaient bâti

Le mur anti-migrants construit lundi par des riverains à Séméac, près de Tarbes, a été détruit hier matin par ses constructeurs.

« On l’a fait tomber ». Le mur qui bloquait l’accès à un hôtel destiné à accueillir des demandeurs d’asile a été détruit par ses bâtisseurs, après que leurs propositions ont été acceptées par l’Adoma, l’organisme qui gère ce centre d’accueil.

Il mesurait 1,80 mètre de haut sur 18 mètres de long.

« Nos propositions ont été validées par l’Adoma et sont relatives à la scolarisation des enfants dès la rentrée et à des discussions régulières avec les différents acteurs. L’Adoma mettra les moyens nécessaires, notamment en personnel » pour un bon fonctionnement du centre d’accueil, a expliqué le responsable du collectif d’opposants, Laurent Teixeira.

L’organisme aurait proposé la venue de 5 à 6 familles à la fin du mois d’août. Un nombre réduit, afin de préparer au mieux la venue des autres familles. Fin octobre, un bilan sera réalisé pour permettre d’adapter le rythme des arrivées prochaines. L’hôtel pourra accueillir jusqu’à 85 personnes.

Le responsable du collectif d’opposants a admis que ce mur était « un symbole très choquant » mais qui, selon lui, aurait permis que le centre se fasse dans les meilleures conditions. « On n’est pas des anti-immigrés » a-t-il insisté. La préfecture a indiqué qu’une réunion est prévue vendredi à Tarbes pour « commencer à travailler ensemble et préparer au mieux » le séjour des migrants à Séméac.

Politiques et syndicalistes en alerte

Ce mur « nous renvoie aux pires heures de notre histoire » avait déploré Marie-Pierre Vieu (PCF), député européenne du Sud-Ouest.

De son côté, la CGT avait souligné un projet qui, depuis plusieurs mois, « suscite des peurs et des fantasmes » ainsi que « des discours alarmistes et parfois xénophobes prenant le pas sur le dialogue et la réflexion ». Se félicitant de la destruction du mur, la CGT Hautes-Pyrénées a rassemblé quelque 300 personnes devant l’hôtel afin de « faire en sorte que les familles de réfugiés soient désormais accueillies dans les meilleures conditions possible, sans passer l’éponge sur cet acte infâme. »

Sur Twitter, la sénatrice EELV du Val-de-Marne Esther Benbassa, s’était consternée sur Twitter : « Détestable symbole. Erigé pour empêcher la venue des migrants, ce mur en rappelle bien d’autres, hélas. »

La présidente de la région Carole Delga, s’était elle aussi indignée de la construction de ce mur dans un tweet publié mardi : « Le mur anti-migrants ne correspond pas aux valeurs de l’Occitanie. Concertation des habitants et soutien de l’État sont nécessaires ».