Esther Benbassa était présente au rassemblement de soutien aux homosexuels persécutés en Tchétchénie, le 20 avril 2017, place de la République à Paris.
Retrouvez la vidéo de son intervention en cliquant ici.
Ci-dessous, le texte intégral de son intervention :
« Des homosexuels tchétchènes ayant fui à Moscou ont affirmé à l’AFP avoir été battus et détenus « dans une prison non-officielle », et vivre aujourd’hui la peur au ventre d’être identifiés et traqués par leur famille.
Des rumeurs font état d’assassinats d’homosexuels en Tchétchénie dès la fin de l’année 2016.
Si la Russie montre régulièrement un visage homophobe, la question se pose avec une acuité encore plus grande en Tchétchénie, société conservatrice où l’homosexualité, considérée comme un tabou, est un crime passible de mort dans la majorité des familles.
Le porte-parole de M. Kadyrov, président de la République de Tchétchénie, ancien des services secrets dont l’arrivée au pouvoir avait été entériné par Poutine, a éludé le problème: selon lui, il ne peut pas y avoir d’exactions contre les gays puisque ceux-ci « n’existent pas » en Tchétchénie.
Officiellement, une enquête a été ouverte lundi par le Parquet général. Mais les enquêteurs disent n’avoir reçu « aucune plainte officielle » de victime. L’ONG Human Rights Watch explique cela par l’absence de garantie de sécurité donnée aux victimes : les personnes LGBT, déjà extrêmement vulnérables, doivent, en plus des autorités, craindre leurs propres familles.
Pour la journaliste de Novaïa Gazeta, Irina Gordienko, menacée de mort par le Grand Mufti tchétchène après son enquête, Ramzan Kadyrov exerce en Tchétchénie une « tyrannie absolue » avec l’accord tacite du Kremlin. « C’est là le cœur du problème: l’impunité des autorités tchétchènes », conclut-elle.
Le président de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, a démenti mercredi 19 avril toute arrestation d’homosexuels dans la république russe du Caucase, dénonçant comme des « provocations » les articles de presse faisant état de la traque de cette communauté.
Aujourd’hui, nous sommes réunis pour envoyer tout d’abord un message de soutien aux homosexuels de Tchétchénie et pour leur dire que nous sommes à leurs côtés tout au moins par la pensée.
Je ne sais pas cela a déjà été fait, mais les associations ici présentes devraient envoyer des lettes de protestation à la représentation tchétchène à Paris. Chacune et chacun de nous devrait, de son côté, par les voies médiatiques qui lui sont accessibles, communiquer sur cette intolérable persécution et dénoncer sans relâche ce que vivent les homosexuels dans ce pays.
Les écologistes se sont d’ores et déjà investis dans les protestations et le soutien. EELV l’a fait très vite par voie de communiqué sur son site. Les écologistes sont mobilisés au niveau du Conseil de Paris, un vœu sur le sujet sera déposé à la prochaine séance.
La liberté d’assumer son orientation sexuelle est un grand acquis en Occident ; il est révoltant et inadmissible qu’elle soit sauvagement bafouée en Russie et dans une des républiques de la Fédération de Russie qui est la Tchétchénie.
Je nous appelle, je vous appelle à la solidarité et à l’action continue pour dire non à la répression que subissent les homosexuels dans ce pays et à l’homophobie qui est leur quotidien.
Le combat pour les droits des LGBT, mariage pour tous compris, ne s’arrête pas aux portes de l’Europe. Nous y sommes engagés depuis longtemps. Soyons à la hauteur de nos victoires, même si l’homophobie sévit encore ici en France. Soyons aussi à la hauteur de nos exigences et de nos espérances pour toutes et pour tous, ailleurs et point seulement ici.
Ne laissons pas isoler, traquer, persécuter, assassiner les homosexuels de Tchétchénie.
C’est notre devoir, à nous qui avons déjà quelques droits. »
Pour (re)voir la vidéo de l’intervention d’Esther Benbassa, Place de la République, cliquez ici !