Tollé après les propos de Marine Le Pen sur le Vél’ d’Hiv (Public Sénat, 10 avril 2014)

« La déclaration de la candidate du FN, récusant la responsabilité de la France dans la rafle du Vél’ d’Hiv, heurte une grande partie de la classe politique, et prend le contrepied de la position française qui prévalait depuis Jacques Chirac.

 

Elle voulait rompre avec son père, notamment sur la question sensible de la Seconde Guerre mondiale. Marine Le Pen vient d’ouvrir une séquence polémique à deux semaines du premier tour.  L’un des épisodes les plus sombres de l’histoire de France refait surface en pleine campagne présidentielle. Plus de 13.000 juifs avaient été arrêtés puis déportés au cours de la rafle du Vél’ d’Hiv à Paris en 1942, dans la nuit du 16 au 17 juillet. L’opération avait mobilisé 4.500 policiers et gendarmes français.

En déclarant dimanche au Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro que la France n’était « pas responsable » de la rafle du Vél d’Hiv, la candidate du Front national a provoqué l’indignation de plusieurs de ses adversaires dans l’élection présidentielle.

François Fillon constate ce lundi en fin d’après-midi que « le Front national est extrêmement mal placé pour parler de ces sujets, lui qui compte encore dans ses rangs beaucoup de nostalgiques du régime de Vichy » :

« La vérité, c’est que le Vél’ d’Hiv a été un crime commis par l’État français, le régime de Vichy bien sûr, mais aussi par l’administration qui a secondé les décisions qui ont été prises par les gouvernements français » […]

« Si on doutait que Marine Le Pen est d’extrême droite, on ne peut plus en douter », a répliqué sur RTL ce matin Benoît Hamon. « La responsabilité de la France est évidente : il n’y avait pas un soldat allemand pour prêter main forte aux policiers et à la milice, et opérer cette rafle du Vél d’Hiv. » […]

« Ça fait partie de ce genre de polémique totalement inopportune et assez choquante. Voilà, Madame Le Pen essaie de faire le buzz là-dessus, sur des sujets qui sont extrêmement cruels », a regretté sur France Inter François Asselineau.

Marine Le Pen et Jean-Marie Le Pen renvoyés dos à dos

Invité des Quatre vérités sur France 2, Jean Lassale a opposé la position de Jacques Chirac. « Ce qu’avait dit Jacques Chirac était très beau, ce que dit Marine Le Pen est inutile est dangereux. »

« D’aucun avait oublié que Marine Le Pen est la fille de Jean-Marie Le Pen », avait réagi dimanche soir sur l’antenne de BFM, Emmanuel Macron. D’autres responsables politiques choqués, comme les présidents de région Xavier Bertrand et Christian Estrosi, ou encore la sénatrice Esther Benbassa (EELV), ont également fait ce parallèle.

Le candidat d’En Marche convoque lui aussi le discours d’un ancien chef de l’État. « C’est une faute grave, ce qu’elle a fait […] Je pense que Jacques Chirac avait justement pris ses responsabilités et eu un geste courageux. »

La condamnation a également été diplomatique. « Nous condamnons les déclarations faites par Marine Le Pen selon lesquelles la France n’est pas responsable de la déportation des juifs de son territoire pendant la Shoah », a déclaré ce lundi une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Michal Maayan. « Cette déclaration est contraire à la vérité historique telle qu’elle a été exprimée par les déclarations des présidents de France, qui ont reconnu la responsabilité de l’État pour le sort des juifs français qui ont péri dans la Shoah. » […] »

 

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