« Faut-il interdire purement et simplement le recours à un collaborateur de sa famille lorsque l’on est parlementaire? Plusieurs députés ou sénateurs du Val-de-Marne y sont prêts, d’autres souhaitent élargir le débat, d’autres encore considèrent le problème mal posé. Si l’idée chemine un jour dans les hémicycles, le débat sera nourri.
Faut-il poser le débat ? Là-dessus, tout le monde s’accorde à peu près, à condition de ne pas le prendre par le petit bout de la lorgnette.
Elargir le débat au statut de l’élu, des collaborateurs, aux autres assemblées…
Pour Michel Herbillon, député-maire LR de Maisons-Alfort, le débat a de fait été posé, en raison de l’actualité, mais « il doit s’inscrire dans une réflexion plus large sur le statut du député et les moyens dont il dispose pour travailler« . « Les députés français ont des moyens de travail plus réduits que dans beaucoup de parlements étrangers« , souligne l’élu qui insiste en revanche sur le respect de la séparation des pouvoirs. « Le parlementaire doit pouvoir exercer son travail de façon libre et comme il l’entend, en respectant la loi. C’est un principe constitutionnel. »
Redéfinir le statut de l’élu, c’est aussi ce que souhaite Sylvain Berrios, député-maire LR de Saint-Maur-des-Fossés : « Je pense qu’il y a beaucoup de confusion et d’hypocrisie dans tout cela. On n’ose pas dire que les parlementaires n’ont pas un niveau de rémunération à la hauteur de leur responsabilité, alors on maintient un système bancal. Le pire étant pour les maires dont les responsabilités sont bien plus importantes et la rémunération bien inférieure. Oui le statut de l’élu est un sujet dont le législateur doit s’emparer. »
Députée EELV, Laurence Abeille est pour sa part prête à légiférer, tout en comprenant que l’on puisse travailler en famille, indiquant avoir elle-même été la collaboratrice parlementaire de son compagnon dans le passé. Elle aussi souhaite élargir un débat qu’elle estime complexe. « Compte tenu de l’exigence des gens, il faut aller vers une interdiction, mais il faudrait poser la question de façon plus large. Cette règle doit-elle s’étendre aux collectivités locales, aux entreprises publiques ? Jusqu’où aller ? Le vrai souci me semble être la question du travail. Beaucoup de personnes commencent à travailler grâce aux réseaux d’amis ou de la famille, pour avoir un stage par exemple. Ce n’est pas facile de trouver du travail et cela passe par les réseaux dans tous les milieux. Faut-il faire exception pour les élus ? Je n’y suis pas opposée mais il faut essayer d’avoir un débat serein sur ce sujet. »
Sénatrice EELV, Esther Benbassa recadre la question sur la réalité ou non de l’emploi. « En soi, employer des membres de sa famille n’est pas illégal. En revanche, les emplois fictifs le sont, et pas seulement avec sa famille. Cela relève d’un minimum d’éthique. Les politiciens qui n’ont pas la décence de séparer leur vie publique de leur vie privée ne se sentent sans doute pas soumis aux lois. Quant à la nécessité de légiférer, je suis un peu perplexe. Peut-être faudra-t-il le faire si les dérives s’avèrent nombreuses, mais je ne suis pas pour la multiplication des lois. »
A Fresnes, le député-maire PS Jean-Jacques Bridey, n’a pas encore tranché, mais souhaite aussi débattre plus largement, s’inquiétant du statut des collaborateurs parlementaires. « A la fin du mandat de leur député, beaucoup se retrouvent sur la touche et leur couverture n’est pas terrible. Il est dommage de faire l’amalgame car la majorité de ces quelques milliers de personnes donnent du leur. Ce-sont souvent des jeunes qui sortent des études et c’est parfois leur premier emploi« , indique l’élu, tout en précisant n’avoir jamais embauché une personne de sa famille. […] »
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