En coup de vent, un petit coup de gueule.
A propos de la Conférence pour la Paix au Proche-Orient.
Depuis hier, Paris accueille pour un week-end les représentants de 70 pays à la Conférence pour la Paix au Proche-Orient, organisée à l’initiative de la France. Je m’en suis réjouie un moment, effet de mon optimisme légendaire, lui-même héritage de ma vie en Orient. Si tu ne l’es pas, optimiste, tu y dépéris, tout simplement, de désespoir.
Quelle surprise de lire que les Israéliens ont refusé d’y participer! C’était couru d’avance. Est-ce parce qu’ils se sont dit qu’ils allaient mourir d’ennui avec cet énergique Jean-Marc Ayrault ? Je veux bien croire que la raison est plus solide : ils ne veulent pas la paix. Rien de nouveau.
Et pourtant Obama et son Kerry pas très efficace se sont bougés un peu à la fin du mandat. Trop tard. Il aurait fallu être plus déterminé, Obama n’a pas eu le courage de taper plus fort sur la table lorsqu’il avait le pouvoir. Pourtant, il ne l’aimait pas trop, cet autiste de Netanyahou, mais on ne fait pas de la politique avec des sentiments.
A leur tour, les Palestiniens se sont retirés, à la suite de la non-participation des Israéliens. De fait, je me demande parfois si Abbas et ses amis veulent ardemment la paix. Abbas a été reconduit en novembre 2016, à 81 ans, à la présidence du Fatah, lors de son congrès (qui ne s’était pas réuni depuis 2009) – et ce par « consensus ». Voilà qui en dit long sur la jeunesse de ce mouvement et son fonctionnement démocratique.
La Conférence de Paris sera finalement symbolique. Quand je pense combien de CO2 a produit le déplacement de ces 70 représentants pour assister à un « symbole »! Il coûte cher en kérosène et en pollution celui-là!
Cette conférence deviendra une nième action inutile, ayant pour seul effet de donner l’impression aux représentants des nations d’avoir au moins pris l’avion ou le train vaillamment en cette période de froid. Pendant que Netanyahou restera au chaud pour répondre à ces enquêteurs sur ses affaires de corruption et Abbas pour savourer sa victoire au congrès du Fatah.
Et les Palestiniens, eux, continueront à souffrir. Bye Bye, la paix. Pas d’État palestinien demain. Ce sont les bonnes intentions qui comptent n’est-ce pas?
Quand je pense que j’ai déposé moi-même, le 23 octobre 2014, puis que je me suis battue, au Sénat, avec d’autres, pour faire voter, le 11 décembre de la même année, une résolution invitant le gouvernement français à reconnaître l’État de Palestine ! La résolution a été votée. La reconnaissance, elle, n’est jamais venue. C’est vrai qu’une conférence « symbolique », ça engage moins que l’acte politique d’une reconnaissance…
Esther Benbassa
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