
« La prévention de la radicalisation est devenue un marché florissant qui n’attire pas que des professionnels recommandables.
100 millions d’euros. C’est la somme que le gouvernement va débloquer, sur trois ans, pour lutter contre la radicalisation. Une somme importante qui a pour conséquence l’émergence d’un marché de la « déradicalisation ». Aujourd’hui, près de 80 structures – associations ou entreprises – ont investi ce secteur et chassent les subventions. Le problème est qu’elles ne présentent pas toutes des garanties de sérieux et de professionnalisme.
Depuis les attentats de Paris, la demande en matière de prévention de la radicalisation explose. Collectivités locales, préfectures, Education nationale ou encore grandes entreprises sollicitent des associations afin qu’elles les sensibilisent à cette nouvelle problématique. Ces associations parcourent la France en proposant des formations.
Certaines de ces structures se voient confier des missions bien plus sensibles : prendre en charge des jeunes radicalisés. Aujourd’hui, 2200 personnes « signalées radicalisées » sont ainsi suivies par des associations à la demande des pouvoirs publics. […]
Experts autoproclamés et vedettariat
Du côté du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), on assure que les associations sélectionnées par l’Etat pour « déradicaliser » font l’objet de contrôles scrupuleux. La sénatrice écologiste Esther Benbassa, qui mène en ce moment une mission parlementaire sur le sujet, pense au contraire que les contrôles ne sont pas suffisants. Selon elle, beaucoup trop d’experts « autoproclamés » sont parvenus à investir le marché :
« La déradicalisation, ce n’est pas du vedettariat. »
« Tout le monde peut s’engouffrer. On fait d’abord de l’effet auprès de la préfecture ou du département. Puis les médias vous tombent dessus et vous devenez des vedettes. »
Cette sénatrice fait référence en creux à la très médiatique Dounia Bouzar. L’ancienne éducatrice de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) était devenue la « madame désembrigadement » du gouvernement entre 2014 et 2016. Aujourd’hui, Dounia Bouzar ne veut plus recevoir de subventions publiques. A notre micro, elle se dit fière de son bilan : un millier de jeunes « sauvés » de l’emprise de Daech grâce à ses méthodes. […]
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