Voile sur la plage: indignation à gauche…et à droite, le FN veut une loi (AFP, 24 août 2016)

En pleine polémique sur le burkini, le cas de deux femmes vêtus d’un simple voile verbalisées sur des plages de Cannes et Nice, suscite l’indignation auprès de la classe politique, majoritairement à gauche et chez quelques personnalités de droite.

 

Le Parti socialiste a dénoncé mercredi une « dérive particulièrement dangereuse », après la verbalisation sur une plage cannoise d’une femme vêtue d’un voile, en pleine polémique sur le burkini.

 

Mardi, Siam, une mère de famille, a annoncé qu’elle contesterait sa verbalisation établie le 16 août dernier, alors qu’elle était voilée sur une plage de Cannes. Vêtue d’un legging et d’une tunique, elle s’est vu remettre un PV lui notifiant qu’elle ne portait pas « une tenue correcte respectueuse des bonnes moeurs et de la laïcité ».

 

Dans un communiqué, le Parti socialiste a dénoncé « une dérive particulièrement dangereuse », émanant de l’intervention de police et « de l’attitude de la force présente ce jour là sur cette plage ».

 

Un témoin de la scène, Mathilde Cousin a affirmé à l’AFP que « des gens criaient (à Siam) +rentre chez toi !+ », lors de sa verbalisation.

 

Les Jeunes Socialistes ont fustigé « une traque et humiliations publiques des musulmans », tout en ciblant la « stigmatisation » organisée par des maires de droite. Dans un communiqué, ils alertent notamment sur une éventuelle « surenchère qui conduit à l’irréparable, aux fractures, aux blessures ».

 

A Cannes, un arrêté a été déposé par le maire LR David Lisnard, interdisant le port du burkini sur ses plages. La mairie de Nice a pris un arrêté identique contre le port du vêtement de baignade controversé.

 

Mercredi, c’est la diffusion sur internet des photos d’un contrôle de police sur une plage de Nice qui suscite l’émoi. Elles montrent une femme, turban sur les cheveux, ôtant sa tunique devant les agents de police municipale.

 

L’indignation touche aussi la droite, notamment le ministre Jean-Jacques Aillagon, ex-ministre de la Culture de Jacques Chirac : « En 1368, Charles V réglementait la taille des poulaines. Aujourd’hui, certains veulent légiférer sur le costume de bain ! Affligeant ! « .

 

« Pour parer à la fragilité juridique des arrêtés municipaux, seule une loi d’interdiction générale des signes religieux ostensibles dans l’ensemble de l’espace public sera à même d’apporter une réponse ferme aux dérives communautaristes », préconise ainsi le Front national dans un communiqué.

 

Esther Benbassa, sénatrice verte et habituée des prises de positions sur l’islam de France, estime que « plus on interdira et/ou plus on stigmatisera ces tenues, plus on contribuera à leur conférer, par réaction, la valeur d’un symbole identitaire ».

 

Dans une tribune à Libération titrée « Cachez ces musulmans que la République ne saurait voir », Elle juge que « les femmes en voile ou en burkini donnent une visibilité, perçue comme agressive en cette période de tension, à la présence musulmane en France, longtemps invisible ».

 

Sur Twitter, le candidat à la primaire de gauche, Benoît Hamon, crie à « la laïcité bafouée » et se demande « où s’arrêtera la surenchère maladive contre les musulmans? ».

 

Le député PS de l’Hérault, Sébastien Denaja, s’est dit quant à lui « révulsé » par la verbalisation d’un « simple voile ».