« Rien de nouveau… Rien de surprenant quand on a entendu Snowden en 2013… Avec sa technologie, la NSA ne s’intéresse pas seulement au petit boulanger ou au rebelle américain ! » Esther Benbassa oscille entre une sorte de fatalisme (« quand il n’y avait pas les technologies d’aujourd’hui, il y avait des espions… ») et une grosse colère car cette affaire d’écoutes renvoie directement, pour elle, à la loi sur le renseignement que le parlement français vient d’adopter. « On ne peut pas dire que ce genre de loi ne mène pas à ce genre de dérive. Ce n’est pas possible ! »
Elle estime qu’en exprimant son « indignation », le gouvernement français rend un hommage indirect aux lanceurs d’alerte qui les avaient prévenus, et que la France devrait donc leur offrir l’asile.
Au passage, Esther Benbassa, membre d’Europe Écologie, prononce des phrases sévères vis-à-vis du coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée nationale François de Rugy, qui soutient au contraire que cette affaire d’écoutes renforce le bien-fondé de la loi sur le renseignement : « Cette déclaration, je la trouve insolente… On ne peut pas rester sourd à ce que nous disent les opposants à ce texte. On ne peut pas sacrifier nos libertés individuelles et publiques. »
Cet entretien a été enregistré mercredi matin. À la lumière de l’attentat qui s’est produit ce vendredi matin à Saint-Quentin-Fallavier dans le nord de l’Isère, il prend une résonance particulière.
Esther Benbassa évoque en effet le terrorisme avec ces mots : « Le gouvernement a voulu faire une loi d’affichage, pour donner confiance, mais personne n’y comprend rien sauf le public averti. Cette loi est devenue une sorte d’affirmation de pouvoir, de la part de l’exécutif et des services secrets qui n’ont pourtant pas été brillants. Je suis allé à Fleury-Merogis, j’ai vu le document qui demandait aux services secrets de s’occuper de Coulibaly et d’un des frères Kouachi, de les suivre. Si les services secrets ne sont pas en mesure de faire ça, qui va traiter les métadonnées ? Vous croyez que ces métadonnées vont seulement servir à identifier dix terroristes par an ? À cause du terrorisme, on fait des textes liberticides. C’est au nom des terroristes qu’on creuse notre démocratie. On donne aux terroristes une arme supplémentaire. Est-ce que c’est eux qui doivent gagner ? »
Esther Benbassa : « C’est l’histoire de l… par Mediapart
Pour (re)lire l’article de Médiapart, cliquez ici!